Hors la guerre avec la Chine, rien ne sert de penser

Bloc-Notes

   Forum

Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.

   Imprimer

 935

Les débats sur un conflit avec la Chine commencent à s’installer d’une façon régulière à Washington. L’excellent expert en stratégie William S. Lind débat, sur Antiwar.com d’un article de Robert S. Kaplan dans Atlantic Monthly. Début de l’article de Kaplan : « The Middle East is just a blip. The American military contest with China in the Pacific will define the twenty-first century. And China will be a more formidable adversary than Russia ever was. »

Lind fustige les partisans d’une guerre “chaude” avec la Chine (comme Kaplan, d’ailleurs, qui recommande de rechercher autre chose qu’un conflit direct, au plus haut niveau). Il explique que les USA vont vite se trouver “désarmés” (façon de parler): « If we kept coming anyway and the Chinese did nuke a carrier, we would immediately face an asymmetrical situation. How would we respond? By nuking a Chinese carrier? China doesn't have any. If we drop a nuke on Chinese territory, we have initiated a strategic nuclear exchange. Is Taiwan worth Seattle or L.A.? »

Tout cela est un peu surréaliste et marque l’insatiable besoin américaniste pour la guerre, qui est un des plus grands problèmes (politique? psychologique? psychiatrique?) auquel notre monde a à faire face. Dans les contacts que les Européens ont aujourd’hui avec les Américains, au niveau des experts, ils tombent sur une langue de bois qui a complètement assimilé la chose. Un expert de la Commission européenne, prenant contact avec un collègue d’outre-Atlantique renommé pour avoir son avis sur la question de la levée de l’embargo des armements européens vers la Chine, c’est-à-dire sur un problème politique complexe et méritant quelques nuances, n’a obtenu comme seule réponse : « Oui, c’est un gros problème, si nous entrons en guerre aux côtés de Taïwan, nous risquerions de trouver contre nous des Chinois avec des armements européens. C’est une grave question. »

Nous ne sommes même plus au point de discuter de la validité d’une guerre, de la possibilité d’une guerre, nous en sommes à la question des modalités de cette guerre inévitable. Le conformisme américaniste a cimenté les pensées dans cette nouvelle situation prévoyant la guerre avec la Chine comme inéluctable. Cela ne signifie pas que nous aurons la guerre, cela signifie que la pensée stratégique américaniste est gelée dans quelques mots d’ordre hors desquels il n’y a rien qui vaille la peine de la moindre réflexion.


Mis en ligne le 20 mai 2005 à 11H30