Globalisation de la pandémie de l’américanisme

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Globalisation de la pandémie de l’américanisme

Dans son plus récent texte du 19 juin, le commentateur indépendant que nous connaissons bien et apprécions pour son brio et son expérience, Alastair Crooke, aborde du point de vue qui nous convient complètement de la psychologie la question de la crise US du 25 mai, jour de la mort de George Floyd à Minneapolis, – crise que nous nommons la Grande-Emeute2020. Son propos principal est de montrer combien cette crise se répand dans le monde, littéralement comme la pandémie bien connue, sinon plus vite, grâce à son caractère psychologique et à la forme binaire manichéenne de son contenu, – cela permet ainsi de relier de façon originale les deux crises dont on sent bien qu’un lien caché les tient ensemble : « [C]e qui est indéniable, c'est que ce mouvement du “réveil” se répand dans certaines parties de l'Europe et de l'Amérique plus vite que l’infection par le Coronavirus. »

(Crooke emploie le terme “woke” [“éveil”] et les dérivés [“awokening”, “wokeness”] qui concerne le concept d’“éveil [de la conscience]”, devenu d’usage courant chez les Africains-Américains depuis 2017-2018, puis repris dans tout le circuit du système de la communication. [Voir par exemple le texte du Mondedu 3 mars 2018 : « Ne soyez plus cool, soyez “woke” – Cool n’est plus à la mode chez les Noirs américains, qui affichent désormais un état d’esprit “woke”, plus combatif, pour lutter contre les injustices. »].)

L’intérêt du texte est donc certainement dans cette double démarche : l’objectif central du propos, montrant l’extension dans le monde, particulièrement au Moyen-Orient qui est une région du plus grand intérêt de l’auteur, de la crise psychologique américaine (américaniste, certes, pour notre compte) ; mais aussi, la nécessaire description de cette crise pour faire comprendre comment et par quels voies et moyens elle se répand. Pour nous, la description de la crise elle-même est l’aspect le plus intéressant, et qui en prend d’ailleurs largement la partie principale en description et en réflexions ; et nous ne doutons pas que Crooke s’y soit effectivement très intéressé, d’autant que l’autre partie, l’effet de cette crise sur les “terres extérieures”, n’en est qu’à ses débuts et ses effets sont particulièrement imprévisibles, donc impropres à la spéculation sinon dans la gratuité.

Crooke met donc bien en situation les événements et leur singulière originalité, en montrant combien cette crise est essentiellement américaniste, à partir d’un ensemble désigné un peu vite comme une “nation” et qui, à cette lumière suspecte, se trouverait divisée en “deux nations” absolument irréconciliables. La crise est également de forme religieuse, en opposant les deux extrêmes de la religiosité américaniste (voir ‘Dieu est-il américain ?’, de Jean-François Colosimo), cela expliquant qu’il s’agit de deux formes de pensée-croyance manichéennes, absolument hostiles à tout compromis, charriant des sentiments absolument extrêmes, comme le mépris, la haine, la colère, comme l’on en pratique couramment dans les sectes, comme il est précisé d’une façon analogique : « [N]on seulement l'Amérique s’est séparée en deux nations, mais elle s’est aussi divisée en deux sectesreligieuses distinctes, en désaccord l'une avec l'autre et pourtant chacune d’elles reflétant les deux pôles opposées de l’impulsion religieuse originelle de l'Amérique... »

Cette division de type religieux, que l’on voudrait du côté des acteurs habiller d’oripeaux idéologiques et moraux (“racisme” et “antiracisme”, etc.), conduit évidemment à des observations d’ordre psychologique comme l’auteur nous en avertit tout de suite. Cela rejoint complètement notre perception, et permet d’observer que, de cette façon, les raisonnements politiques et géopolitiques sont singulièrement pris en défaut, inutiles, trompeurs, complètement passés d’application.

D’une certaine façon, on peut envisager que les deux parties qui s’affrontent représentent l’affrontement général autour du Progrès (pour ou contre) que l’on constate de facto aujourd’hui, – mais cela n’est vrai qu’en partie, et dans certains cas au contraire cela est complètement faux. Le “parti de l’âge d’or”, comme l’appelle Crooke, qui est le “parti” regroupant approximativement Trump, les conservateurs, etc., s’ils s’opposent effectivement aux “valeurs” dites-“progressistes”, est aussi un défenseur acharné du capitalisme, de l’individualisme contre le domaine régalien, de l’esprit de la démocratie, etc. ; d’ailleurs, l’“âge d’or” dont parle Crooke, est bien ce temps du démarrage d’une très grande puissance de tous les aspects brutalement déstructurants du Progrès que représente le capitalisme. Dans un cas, il est du côté de la tradition, dans l’autre il en est un ennemi mortel... L’on retrouve cette sorte de contradiction dans les deux camps 

Par conséquent, l’on en vient à penser que, loin de représenter un affrontement exemplaire de l’essence de ce que nous nommons la Grande Crise d’Effondrement du Système (GCES), la crise du système de l’américanisme représente plutôt les effets sur la psychologie de cette GCES ; c’est-à-dire des effets qui rapprochent de la folie, dans la mesure où les deux parties qui s’affrontent ont chacune leurs propres contradictions, leurs schizophrénies spécifiques. Pour cette raison, on ne peut absolument n’être sûr de rien quant aux effets de l’expansion de la crise américaniste hors de l’Amérique, sinon de cette expansion touchant nécessairement toutes les “terres extérieures” ayant vécu sous l’influence contraignante et fascinante des USA...

En un sens, cette folie de l’américanisme, passant évidemment par ses obsessions religieuses extrêmes, renvoie à une tension psychologique quasiment pathologique qui a toujours existé (la névrose caractéristique de la modernité, identifiée en 1879 par le Dr. Beard, un aliéniste américain, fut désignée par lui du nom significatif de “mal américain”) ; et alors, on peut juger qu’elle constitue une réaction “normale” (!), d’ailleurs dans le droit fil du “mal américain”, des contradictions extraordinaires que recèle le système de l’américanisme dans son identification duale, et duale d’une façon manichéenne, au Progrès et au Système... Cette identification duale aux mêmes “valeurs” conduisant à des positions absolument opposées et irréconciliables, voilà qui donne du grain à moudre pour l’évolution vers la folie, quasiment des deux côtés.

C’est tout cela qui nous fait penser, et nous renforcer dans notre jugement, que la crise du système de l’américanisme est totalement incohérente, sans but, sans accommodements possibles (compromis, encore moins), sans autre destinée que la rupture. La crise du système de l’américanisme n’est en aucune façon celle de l’opposition, – disons, pour faire bref, de la Modernité contre la Tradition. Elle est, de façon très différente, le produit de la crise interne du Système, elle en est l’effet le plus fort et le plus explosif, elle en porte toutes les contradictions jusqu’à la folie. Aujourd’hui, le monde se fait, ou peut-être dira-t-on “se défait” dans la psychologie, pas dans la géopolitique ou dans la politique :

Par conséquent, celles-ci, géopolitique et politique, sont remplacées par l’“émotivisme”, notion que nous jugerions équivalente à notre “affectivisme” : « Aujourd'hui, nous n'avons affaire qu’à un “émotivisme” psychique (selon la formulation d’Alasdair Macintyre) avec des hauts et des bas, se déchaînant contre l’autre. Beaucoup de chaleur ; pas de lumière. »

... Et dès lors, par ce biais de la prédominance de la psychologie comme seule force agissante tandis que la “politique” barbote dans les slogans écrasants de sottise conformiste et de médiocrité intellectuelle de soumission au Politiquement Correct, il est clair que nous nous trouvons dans une bataille de type ontologique, concernant la notion essentialiste de la perception du monde, tandis que l’idéologie devient une caricature infâme et abrutissante, sinon zombifiante, de ce qu’elle prétendit être. Même si  elle est bouffe, il s’agit bien d’une tragédie, avec sa nécessité, comme nous nous faisons un devoir de  le répéter : « Aristote nous apprend que dans la tragédie les événements s’enchaînent selon “la nécessité”. Cette nécessité n’est pas de nature logique mais de nature ontologique : elle ne désigne pas l’enchaînement cohérent des épisodes d’un récit, selon les lois de la rhétorique, mais l’enchaînement des actes humains et de leurs conséquences selon les lois de la vie. »

Ci-dessous, donc, le texte du 19 juin 2020 d’Alastair Crooke, directeur du  Conflict Forum.

dde.org

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La scission psychologique US se globalise 

Alors que l'Amérique se sépare en deux substances distinctes, – une nation se dissolvant en deux, – nous devrions peut-être accorder plus d'attention à la psychologie qui sous-tend cette segmentation, et pas seulement à sa “politique”.  Il est clair que le domaine psychologique est essentiel pour comprendre les États-Unis. En outre, ces deux états d'esprit psychiques américains se manifestent au Moyen-Orient et au-delà, non pas tant de manière stratégique que comme projection de la psyché intérieure. Cette projection cherche à démontrer sa validation morale  à l'extérieur, d'une manière qui ne peut être faite  à l'intérieur, – car l'équilibre des forces à l'intérieur est tel qu'aucune des parties ne peut, comme elle le souhaiterait, forcer la soumission de l’“autre” à sa vision du monde ; aucune des deux parties ne peut l'emporter de manière décisive.

Même les élections de novembre ne régleront pas les choses de manière définitive. Elles pourraient au contraire exacerber plus encore l’affrontement.

Quels sont les principaux vecteurs de cette scission ?  Premièrement, aux États-Unis, les “faits” ne sont plus tolérés en tant que tels.  Les faits, comme l’idéologie, se sont séparés en deux camps irréconciliables, chacun serrant la gorge de l'autre.  Deuxièmement, toute autorité ou source de ce qui est affirmé comme un fait, dans le monde d’aujourd'hui, a depuis longtemps été chassé de la scène.  Aujourd'hui, nous n'avons affaire qu’à un “émotivisme” psychique (selon la formulation d’Alasdair Macintyre) avec des hauts et des bas, se déchaînant contre l’autre. Beaucoup de chaleur ; pas de lumière.

Ceux qui ne sont pas d'accord sont affublés de divers noms péjoratifs, mais qui se résument à l’affirmation que l’autre est un “barbare” au sens romain du terme : c’est-à-dire quelqu’un qui n’est pas pertinent, qui n'attire pas l'attention, un “bavard” [babbler] (sens original du mot barbare [barbarian]). Et pire encore : ces personnes (“ceux d’en face” pour chaque partie) mentent et s’abaisseraient à tout moyen illégitime, séditieux (c’est-à-dire inconstitutionnel), pour obtenir leurs objectifs illicites. C'est ainsi que les deux parties, au sens large, se voient. Hyper-partisanerie.

Ce n'est pas vraiment nouveau, – nous le savions déjà. Mais quel est le rapport avec le Moyen-Orient et au-delà ?  Le point saillant est que, dans la poursuite de la validation de l'une ou l'autre de ces perspectives psychiques, une faction américaine ou l’autre est prête à forcer les terres extérieurs à la soumission à la “justesse” du messianisme chrétien fondateur de l'Amérique, – cela, d’une façon quasiment presque inconsciente des conséquences potentielles.  À cette fin, une grande partie du Moyen-Orient est menacée d'effondrement social et économique.  

Il est clair que la raison ou la diplomatie ne jouera aucun rôle. L’une et l’autre sont rejetées comme bavardage dérisoire.  Il est frappant de constater que certains fonctionnaires US se réjouissent presque de la douleur et de la famine qu'ils peuvent causer.  Leur langage dévoile la coloration religieuse implicite des actions entreprises [sanctions, etc.] : ils parlent de “juste rétribution”.  Si l’Amérique a soi-disant “intérêt” à faire tomber le Hezbollah, le président syrien Assad ou le gouvernement révolutionnaire iranien, alors l'intérêt américain est aussi que ces nations entières, leurs peuples, subissent une apocalypse économique.  Qu'il en soit ainsi car ils n’ont que ce qu’ils méritent. 

Ainsi le professeur Vlahos, l’historien, décrit-il la situation aux États-Unis : non seulement l'Amérique s’est séparée en deux nations, mais elle s’est aussi divisée en deux sectesreligieuses distinctes, en désaccord l'une avec l'autre et pourtant chacune d’elles reflétant les deux pôles opposées de l’impulsion religieuse originelle de l'Amérique.  La première (le parti actuellement au pouvoir) considère que l'identité nationale est enracinée dans un âge d’or américain plus ancien, et que la propriété, le commerce et la liberté sont des droits traditionnels hérités (signifiant la grâce de Dieu, selon le point de vue calviniste et protestant). 

L'autre (plus dans la veine apocalyptique), “regarde vers l'avenir. Ils se disent progressistes ; ils voient la perfection et la pureté qui les attendent, et considèrent le passé comme une tache sombre et indélébile, – comme un passé imparfait, barbare et primitif dont il faut se débarrasser, – pour se tourner vers un avenir radieux et édifiant qui n’attend que d’être édifié”. Ces deux visions sont existentielles et contradictoires, dit le professeur Vlahos, “elles nous disent que l’on vit selon la définition qu’on donne du bien et du mal ; il n'y a pas de place pour le compromis entre elles”.

L'assassinat de George Floyd a mis fin à une trêve difficile et allumé un incendie grondant. Cet événement est devenu le symbole iconique, – dépassant complètement son contenu spécifique, – à comparer par la profondeur et l'intensité des animosités culturelles des deux côtés à l'affaire Dreyfus en France entre 1897-1899.  Dans ‘The Proud Tower’, Barbara Tuchman écrit que Dreyfus, un officier juif soupçonné d’espionner pour les Allemands, qui n’avait jamais été une personnalité particulièrement remarquable au départ, est devenu une “abstraction” pour ses partisans et ses détracteurs. Elle synthétise ainsi :

Chaque camp s'est battu pour une idée, son idée de la France : l’un la France de la contre-révolution, l’autre la France de 1789 ; l’un pour sa dernière chance d'arrêter les tendances sociales progressistes et de restaurer les anciennes valeurs, l’autre pour laver l’honneur de la République, et la préserver des griffes de la réaction”.

Will Collins écrit dans  The American Conservative qu’“il est difficile d'imaginer une comparaison plus pertinente avec le moment présent. Le langage du conflit existentiel a été intégré à la droite américaine lors des élections de 2016. Un essai désormais tristement célèbre, ‘The Flight 93 Election’, compare le vote pour Donald Trump à une tentative désespérée de reprendre les commandes du vol détourné par les terroristes du 11 septembre. À gauche, le libéralisme progressif de l'administration Obama a fait place à quelque chose de plus radical, une critique approfondie des institutions et de l'histoire américaines qui suggère, – et parfois dit carrément, – que le changement révolutionnaire est la seule voie à suivre”.

Ces deux tendances psychologiques contradictoires définissent non seulement l’arène nationale américaine, mais aussi la géopolitique mondiale.  Conscients de ces schismes, les Américains s’agitent et s’irritent en découvrant la notion que la Chine ou la Russie pourraient combler le vide qu’eux-mêmes créent.

Les récentes sanctions sans précédent imposées aux peuples syrien et libanais (par l'intermédiaire du Caesar Act) sont l'expression également de cette vision missionnariste vigoureusement soutenue et vivement contestée. Ces sanctions globales sont  précisément destinées à nuire aux  populations, voire à les affamer ou à les précipiter dans une guerre civile.  C'est ce qu'elles sont censées faire, – l'envoyé américain en Syrie, James Jeffrey, a  célébré le fait que les sanctions américaines contre Damas ont “contribué à l'effondrement” de l'économie syrienne.

Et c’est bien l’humeur, – le “bien ou le mal”, – du moment. Car c'est précisément ce sombre destin que de nombreux Américains conservateurs aimeraient réserver à leurs compatriotes qui occupent la zone autonome du Capitole de Seattle (ou maintenant “zone de protestation”, c’est-à-dire la CHAZ devenue CHOP).  

Ils aimeraient que l'électricité, l'eau et la nourriture leur soient coupées.  C’est là la contradiction interne de l'Amérique : ces manifestants du Black Lives Matter [BLM] détestent l’âge d’or de l'Amérique. Ils le considèrent comme cette “tache sombre et indélébile”, une ère primitive barbare dont il faut se débarrasser.  Le “parti de l'âge d'or” aimerait voir les occupants de la CHOP affamés et soumis, mais ils ne le peuvent pas.  Cela déclencherait des troubles internes aux États-Unis et un retour, très probablement, des protestations violentes.

Mais pour les peuples malchanceux de Syrie, du Liban, d'Irak et d'Iran, être sanctionné jusqu’à l’anéantissement ne pose aucun problème aux deux parties US qui s’opposent. Ils sont “moralement marqués” dans les deux “visions” américaines. Une partie des États-Unis ne peut supporter leur rejet de la juste vision “morale” de l'Amérique ; l’autre voit ces nations subsister dans des conditions qu’elle juge si barbares, primitives et imparfaites, que le renversement de l'État devient inévitable, et doit être souhaité.  (La majeure partie de l'Europe appartient également à cette dernière catégorie hyper-partisane, même présentée sous un vernis de “libéralisme”.) 

Considérés sous cet angle psychologique, Israël et les Palestiniens se trouvent dans une situation différente.  C'est un le cas du “vice ordinaire” attribué à Israël. La plupart des Américains de l’“âge d'or”, bien sûr, voient Israël comme suivant un chemin parallèle au leur. Il y a une réelle empathie.  Mais ce n'est pas le cas de la génération des Américains de plus de 20 ans qui se sont “réveillés” et qui soutiennent les BLM. 

Leur idéologie “éveillée” est radicale.  Ils considèrent que le mouvement des droits civiques des années 1960 s'est vendu sans équivoque.  Il n'y a plus de place pour le compromis : L’Amérique est à la fois raciste et oppressive par nature. Ses principes fondateurs doivent être arrachés et remplacés. Les BLM mènent cette lutte contre les principes fondateurs des États-Unis, et la lutte contre l’empire américain  fait partie de leur bataille, disent-ils.

On distingue mal si la génération des 20 ans et plus, en alliance avec les BLM, a réussi à soumettre l’ancienne génération libérale de dirigeants démocrates, de PDG et d’officiers supérieurs de la police et de l'armée qui se sont agenouillés devant l'autel du programme des BLM, – ou si les BLM sont simplement utilisés par la vieille garde comme un outil contre Donald Trump.  Si c'est le cas, ce ne serait pas la première fois que le courant dominant coopte un mouvement radical pour l'utiliser à ses propres fins, pour découvrir ensuite que ce sont eux-mêmes, – ceux du courant dominant, – qui ont été grugés et doublés par ce mouvement radical. (L’histoire du salafisme et de ses djihadistes vient à l'esprit, dans ce contexte).

La question est pour l’instant posée ; ce qui est indéniable, c'est que ce mouvement du “réveil” se répand dans certaines parties de l'Europe et de l'Amérique plus vite que l’infection par le Coronavirus. Alors que les Israéliens aiment la politique de la diversité, ils sont effrayés par le discours progressiste des BLM sur la lutte à venir contre le racisme et l'oppression.

À moins que ce “réveil” ne se heurte à une “immunité collective” précoce en Europe et en Amérique, ce courant aura un impact sur la région du Moyen-Orient d’une manière qui n'est pas prévisible à ce stade, mais qui est probablement inévitable.  Les Israéliens montrent déjà une plus grande nervosité à propos de l’annexion de la Cisjordanie et de la vallée du Jourdain, et les États du Golfe, dirigés par des EAU autoritaires, se préparent à quitter l’amarrage américain et recherchent un nouveau poste d’amarrage, peut-être dans un port israélien sécurisé.

Sentent-ils un changement dans le vent ?  Cherchent-ils la sécurité ?  La génération des plus de 20 ans de la région va-t-elle assimiler l'esprit de l’“éveil de la conscience” ?

Alastair Crooke

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