État vertigineux de l’Ukraine

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État vertigineux de l’Ukraine

En attendant les performances du “roi du chocolat” Porochenko, voici l’état présent de l’Ukraine, tel que le décrit Alexandre Latsa, dans une chronique du 9 juin 2014 sur La Voix de la Russie. Après avoir décrit le jeu sinueux et finalement conforme au standard-Système de Pravy Sektor, comme groupe néo-nazi parfaitement intégré dans la politique-Système en cours aux frontières de la Russie, il donne un rapide aperçu de l’état de l’Ukraine et de son devenir.

Une comparaison vient aussitôt sous la plume de Latsa : l’Ukraine est profondément enfoncé sur le chemin de la Russie au sortir de l’URSS, dans les années 1990, – mise à l’encan du pays par voie de capitalisme sauvage, triomphe des oligarques, pillage des ressources naturelles, effondrement par déstructuration et dissolution sociales... Les bonnes recettes peuvent toujours servir.

«L’Ukraine, tout comme la Russie des années 90, fait désormais face à un conflit sur son territoire, clairement nourri par les haines pathologiques que les militants majoritairement issus de de Pravy Sektor nourrissent, non contre l’Amérique donc, mais contre la Russie et les russophones. Pravy Sektor bénéficie pour cela d’un soutien de poids : l’oligarque Igor Kolomoiski qui malgré avoir été le représentant du Conseil européen des communautés juives pendant 5 ans se retrouve désormais sponsor des mouvances nationalistes radicales qui ont compris que l’antisémitisme était bien moins rentable que la russophobie et l’antipoutinisme. Peut-on qualifier cette surprenante et contre nature alliance de version ukrainienne du front Orange-brun ?

»L’oligarque Kolomoiski n’est du reste pas le financier de la nouvelle garde nationale par accident mais bien l’une des pièces maitresses et un relai essentiel du dispositif américain de prise de contrôle de l’Ukraine, dispositif dont les contours commencent à être visibles. Celui-ci dispose par le biais d’une société écran basée à Chypre (Burisma Holdings) du contrôle de la majorité des sociétés gazières ukrainiennes. Au cours du mois de mai, Burisma Holdings a confirmé la nomination à son conseil d’administration de R. Hunter Biden, fils de Joe Biden, le vice-président des Etats-Unis, et de Devon Archer, financier et ami de John Kerry.

»Au pillage énergétique en cours et à la mise du pays sous la coupe d’oligarques (sans doute tout aussi corrompus que ne l’était Ianoukovich) le pays semble devoir également continuer à s’enfoncer dans la grave crise morale et démographique qu’il connait depuis le milieu des années 90. La population de l’Ukraine est passée de 52,2 millions d’habitants en 1994 à 45,4 millions en 2014, soit une diminution de près de 7 millions d’habitants en 10 ans, soit plus que la Russie pour une population 3 fois moindre. A cela il faut rajouter un solde migratoire négatif (près de 700.000 Ukrainiens sont notamment entrés en Russie depuis janvier 2014) et que le pays comporte le plus haut taux de Sida d’Europe, avec près de 1,5 % de la population adulte contaminée. Enfin et peut être surtout, le démographe Emmanuel Todd a récemment rappelé que les inquiétants indicateurs de mortalité infantile (indicateur le plus significatif de l'état réel de la société selon lui) ne laissaient pas beaucoup d’espoir d’échapper à une poursuite de la malheureuse dégradation systémique que connait l’Ukraine en tant que pays.

»Un regard objectif porté sur les évènements en Ukraine ne peut que traduire un seul et unique constat : l’Ukraine de 2014 prend le chemin de la Russie des années 90, que ce soit sur le plan politique, économique, militaire ou démographique. Pour s’en convaincre je renvoie notamment vers cette excellente synthèse sur le site d’Olivier Berruyer.

»Un chemin à la russe extrêmement risqué dont les activistes de Maïdan et leurs complices, en Europe et en Amérique, portent clairement la responsabilité puisque les premiers comme les seconds ont non seulement sacrifié ce pays pour le compte d’intérêts transatlantiques mais aussi porté un coup direct à la relation euro-russe [et] à la paix sur le continent.

»Il reste à espérer que de ce chaos ukrainien émerge dans un avenir proche un “Poutine ukrainien” pour empêcher la dislocation du pays mais on peut en douter malheureusement pour les Ukrainiens. Au contraire tout laisse plutôt imaginer que l’Ukraine comme Etat tel que nous le connaissons, n’existe en réalité déjà plus vraiment.


Mis en ligne le 10 juin 2014 à 11H18

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