... Et l’homme qui voulait être roi

Brèves de crise

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... Et l’homme qui voulait être roi

Enchaînant sur notre précédente Brèves de crise concernant Dick Cheney (ce même 11 mars 2014), voici une autre personnalité dont l’action et le caractère sont intéressants à observer comme complémentaires à l’autre extrême du même Cheney. Il s’agit du président Barack Hussein Obama, dans toute sa majesté. Invité par Tom Engelhardt sur son site TomDispatch.com, le commentateur et auteur David Browich fait un portrait d’Obama sous un titre sybillin, «The Voice : How Obama Became a Publicist for His Presidency (Rather Than the President)» (le 10 mars 2014), – et que Engelhardt présente de cette façon, après avoir évoqué son action en Ukraine : «Here, too, for all the sound and fury signifying little, Obama seems to have been trumped by Putin. The president’s inability to get much of significance done, no matter the topic, has become legendary. In this, he may be the perfect symbol of our age. His is a presidency in a time of decline...»

Browich fait d’Obama une sorte de “roi sans investissement”, sans la moindre implication réelle, sans la moindre responsabilité, adepte de la fonction et étranger à la charge, – bref, une sorte de “roi avec divertissement”, pour paraphraser le titre du livre de Giono, dont le divertissement se résumerait à jouir de la pompe et du décorum de la fonction, – et rien d’autre... Voici le début du texte de Browich dont le reste consiste à démontrer d’une façon convaincante la thèse qu’il a ainsi exposée.

«Like many days, March 3rd saw the delivery of a stern opinion by President Obama. To judge by recent developments in Ukraine, he said, Russia was putting itself “on the wrong side of history.” This might seem a surprising thing for an American president to say. The fate of Soviet Communism taught many people to be wary of invoking History as if it were one’s special friend or teammate. But Obama doubtless felt comfortable because he was quoting himself. “To those who cling to power through corruption and deceit and the silencing of dissent,” he said in his 2009 inaugural address, “know that you are on the wrong side of history, but that we will extend a hand if you are willing to unclench your fist.” In January 2009 and again in March 2014, Obama was speaking to the world as its uncrowned leader.

»For some time now, observers – a surprisingly wide range of them -- have been saying that Barack Obama seems more like a king than a president. Leave aside the fanatics who think he is a “tyrant” of unparalleled powers and malignant purpose. Notions of that sort come easily to those who look for them; they are predigested and can safely be dismissed. But the germ of a similar conclusion may be found in a perception shared by many others. Obama, it is said, takes himself to be something like a benevolent monarch -- a king in a mixed constitutional system, where the duties of the crown are largely ceremonial. He sees himself, in short, as the holder of a dignified office to whom Americans and others may feel naturally attuned.»

Ainsi Obama complète-t-il parfaitement les sombres prédictions de “l’homme du passé”, Cheney et sa pathologie crépusculaire. Au contraire, Obama est l’homme d’une pathologie de l’écume des jours, donc l'homme du présent sans passé ni futur (voir le big Now), assumant volontairement sa mission de n’être qu’une devanture où il expose tous les actes et ambitions du Système sans rien en assumer puisqu’en vérité décidé à ne rien assumer du tout. Sa pathologie est à l’inverse de celle de Cheney, celle d’une intelligence pleine de brio mise au service d’une psychologie de la non-existence, satisfaisant les habituels travers de la chose, l’hybris pour les seules mondanités, l’arrogance qui va avec, l’“insoutenable légèreté” du personnage acceptant de figurer comme simple publiciste du Système, sans y rien comprendre parce qu’il ne veut rien en comprendre.

... Sans nul doute, Cheney et Obama, symboliquement les parfaits compléments de sapiens comme serviteur du Système. L’un et l’autre disent “avec moi le déluge” : l’un s’en réjouit sombrement comme il sied à ses manigances comploteuses, l’autre s’en fout royalement comme il sied à sa fonction clinquante et brinquebalante.


Mis en ligne le 11 mars 2014 à 07H28

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