Dom Pernety et le génie abruti des Américains en 1777

Les Carnets de Nicolas Bonnal

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Dom Pernety et le génie abruti des Américains en 1777

Je fais sourire Philippe Grasset avec mes références (que Gallica BNF et archive.org enflent vos lectures). Parmi celles-ci, Dom Pernety, auteur du Dictionnaire mytho-hermétique et des Etudes sur les Fables grecques et égyptiennes. Je recommande en particulier son étude sur les pluies d'or.

Ce grand esprit voyage avec Bougainville, descend aux Malouines (rendez-les nous, mais notre roi d'abord), devient bibliothécaire du Grand Frédéric, poursuivi par l'Inquisition. Il écrit aussi, en esprit détaché de la démagogie des Lumières, un bouquin féroce sur les Amériques.

Il titre même un de ses chapîtres : du génie abruti des Américains (1). On laisse de côté les Indiens et on se concentre comme Philippe sur les mystères américains. Je sais, à côté de Bush il y a Google. Mais d'abord Sergei Bryn est russe, et quand on vous dit que ce sont des génies abrutis...

On écoute ce maître décalé qui vous change de la faute à Rousseau et de Diderot toujours suivi de d'Alembert. Simple question de la conspiration: pourquoi n'étudie-t-on que quatre auteurs du XVIIIème siècle à l'école républicaine ? Lisez Cochin et sa Terreur sèche.

« Quand les européens arrivèrent aux Indes occidentales , dans le quinzième fiecle , il n'y avoit pas un Américain qui sût lire ou écrire : il n'y a pas encore de nos jours un Américain qui sache penser. »

Après cet anti-américain primaire (Dom Pernety donc) ajoute :

« Une insensibilité stupide fait le fond du caractère de tous les Américains : leur paresse les empêche d'être attentifs aux instructions: aucune passion n'a assez de pouvoir pour ébranler leur âme, & l'élever au-dessus d'elle-même. Supérieurs aux animaux, parce qu'ils ont l'usage des mains & de la langue , ils sont réellement inférieurs au moindre des Européens... »

Depuis l'américanisme s'est répandu partout. Le renommé historien du franquisme (un estimable américain) Stanley Payne parle du citoyen anesthésié d’Espagne, rendu tel par sa télé-poubelle, le sport et la cervoise.

Dom Pernety poursuit :

« Il y a près de trois siècles que l’Amérique est découverte ; on n’a cessé depuis ce temps d'amener des Américains en Europe : on a essayé sur eux toute espèce de culture, et aucun n’a pu parvenir à se faire un nom dans les sciences, les arts & les métiers. »

Après il explique la bêtise des Américains, ou pour mieux dire des hommes modernes :

« Les vrais Occidentaux n'enchaînent pas leurs idées, faute de réfléchir sur ce qu'ils ont dit, & sur ce qu'ils diront dans la suite : ils ne méditent point , & manquent de mémoire. Ce défaut leur est commun avec les Nègres, qui doivent quelquefois se tenir long-temps la tête entre les mains , & s'ôter la lumière pour se souvenir le matin de ce qu'ils ont fait la veille : ils travaillent de l'esprit pour se rappeller des idées mal imprimées, & presqu’aussitôt effacées que conçues : ce qu’on doit attribuer aux humeurs visqueuses qui circulent dans leurs cerveaux. »

J'avais déjà expliqué que pour Tocqueville le noir et l'indien incarneront notre futur : l'homme massifié ou de l'élite en voie de disparition (celle du Sioux que ne connaît pas Pernety, mais c'est une autre question). On essaie de les éduquer ; et soudain les Américains, tel l'ingénu de l'autre, deviennent bien trop bêtes :

« vers la vingtième année , la stupidité se développe tout d'un coup ; alors le mal est fait : ils reculent au lieu d’avancer, & oublient tellement ce qu'ils avaient appris, qu'on est obligé de renoncer à leur éducation, & de les abandonner à leur fatalité... »

Enfin Dom Pernety, qui avait prévu Bergoglio, ne rate pas les jésuites :

« Les Jésuites, qui se sont apperçus de ce dégoût, ont pris un chemin qui les a conduits sûrement à leur but : ils ont changé le culte extérieur en spectacles qui divertissent les Indiens oisifs. On fait au Paraguai des processions comiques. »

 

Bibliographie

• Recherches philosophiques sur les Américains, cinquième partie, section I.

• Du génie abruti des Américains, p.129-136. (Sur archive.org).