Chronique du “non” et supputations autour du mythique “plan B”

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Il est encore temps, vue l’heure matinale, de spéculer à propos d’une victoire du “non”. Il s’agit des spéculations sur les prolongements politiques européens si, ce soir, le “non” l’emporte en France. On s’arrête ici à un article du Daily Telegraph d’hier.

L’article nous dit deux choses.

• En cas de victoire du “non”, Chirac tournera sa colère vers son habituel partenaire pour cette sorte de circonstances : Tony Blair. D’abord parce qu’il rend le Britannique responsable de l’“Europe anglo-saxonne” qui semble avoir émergé comme perception principale de la Constitution, et, à partir de là, a fait l’un des arguments principaux des partisans du “non”. Cette idée rappelle une anecdote récente, lors d’une des dernières rencontres européennes où Blair et Chirac se trouvaient ensemble. Le président français aurait pris le PM britannique et lui aurait dit : « Mon cher Tony, si les Français votent non vous allez voir ce que c’est qu’une Thatcher française. »

[Ce que nous dit le Telegraph du 28 mai : « Tony Blair and Jacques Chirac will be pitched into a furious six-month dispute over the future direction of the European Union if the French people vote No to the EU constitution tomorrow. Government sources are braced for the French president to round on the Prime Minister and blame him for making the constitution too “Anglo-Saxon” on economic issues and for plunging Europe into crisis as a result. »]

Deuxième élément de la hargne anti-Blair de Chirac signalé par le Telegraph et d’ailleurs dans tous les esprits à Bruxelles : le Français va être intenable dans sa volonté de récupérer les £3 milliards de dégrèvement sur la participation britannique au budget de l’UE.

• Le deuxième point mis en évidence par le Telegraph est une autre hypothèse pour un “plan B”, par ailleurs envisagée sur ce site selon une procédure différente, — mais le fond lui correspond tout à fait : « British diplomats believe that Mr Chirac will call for France, Germany and other nations to form a “core Europe” in which they can push ahead with integration without being held back by laggards such as Britain. »

Cette hypothèse est plus que jamais cohérente et a toutes les chances, si elle se réalisait, de rencontrer une profonde approbation des Français. Ce n’est pas pour cela qu’elle serait facile à réaliser. Il est manifeste qu’elle représente une décision de rupture par rapport aux tendances générales qui ont jusqu’ici gouverné le développement du projet européen ; d’autre part, l’effet de ces tendances générales a été notamment de précipiter la crise de confiance où se trouve enfoncé aujourd’hui ce même projet européen, et l’aspect de “décision de rupture” pourrait être alors perçue, au contraire, comme un avantage dans les circonstances que nous traversons.


Mis en ligne le 29 mai 2005 à 06H00