Alexeï Navalny, made in USA

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Alexeï Navalny, made in USA

La campagne présidentielle russe a commencé, essentiellement aux USA, à “D.C.-la-folle” plus précisément, où l’on a aussitôt deviné de quel côté se trouvaient la démocratie et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est donc Alexeï Navalny qui est désigné comme celui qui aurait dû être le candidat légitime, soutenu par une forte poussée populaire (2% dans les sondages) et une forte assise de patriote russe. Comme le souligne le texte ci-dessous, que nous avons naturellement été chercher sous les plumes venimeuses et documentées de WSWS.org, il s'agit d'une véritable manufacture made in USA :

« Diplômé du Yale World Fellows Program, Navalny figure sur le site internet de Yale en tant que cofondateur du Democratic Alternative Movement, une organisation qui a reçu un financement par le National Endowment for Democracy, soutenu par le gouvernement américain, un fait qu’il a dissimulé de “peur de paraître compromis par une connexion américaine”. »

Ce qu’il y a de plaisant dans l’activité inlassable de la pieuvre américaniste, c’est l’inlassable répétition des mêmes manœuvres, des mêmes simulacres, des mêmes sottises. Si la chose américaniste exerce sans aucun doute une très grande fascination sur nombre de populations et nombre d’antiSystème également, c’est qu’elle est fascinatoire à un point où elle se fascine elle-même et ne peut donc s’empêcher de se reproduire et de reproduire continuellement les mêmes démarches. Le déversement diluvien d’admiration sur Navalny, ponctué d’anathèmes antipoutiniennes, tout cela dans la presseSystème américaniste et Cie, constitue effectivement un de ces exercices de communication où la pieuvre se singe elle-même en croyant redécouvrir la roue, ou la recette de la déstabilisation décisive de la Russie. L'extrême probabilité est que le seul résultat pour “D.C.-la-folle” (le Système) sera de se rendre encore plus insupportable si c’est possible, et s’enfoncer encore plus dans son propre simulacre grâce à la constante stupidité qu’elle déploie.

C’est l’occasion pour WSWS.org de nous rappeler les innombrables occurrences ou “D.C.-la-folle”, qui continue à courir derrière son insaisissable Russiagate, est intervenue dans les affaires électorales des autres, en même temps que nous tracer un portrait de Navalny qui se fait également remarquer par son passé ultra-nationaliste, xénophobe et promoteur d’une politique extrémiste exactement inverse à celle que les globalistes voudraient installer au Kremlin... Mais pourquoi, au nom de quelle raison dans ce capharnaüm, s’inquiéter encore de du désordre, de l’incohérence et des contradictions des choses dans une époque qui ne peut se satisfaire que de désordre, d’incohérence et de contradiction ? Tout cela, bien entendu, pour un candidat à qui il est désormais interdit d’être candidat, comme vient de le décider la justice russe.

Le seul intérêt de cet épisode est qu’il nous annonce trois mois (d’ici l’élection de la mi-mars 2018 en Russie) d’extrême tension de communication, où les relations avec la Russie vont à nouveau connaître un paroxysme d’antagonisme, de la part des USA bien entendu, mais aussi avec un appel à la mobilisation antirusse à l’intention de tous les pays du bloc-BAO. Cette fois, après tant d’autres mobilisations de cette sorte, on pourrait par contre, peut-être, d'une façon assez inédite éventuellement, connaître des épisodes d'une certaine originalité. Cette tension antirusse à l’occasion des présidentielles russes se manifestera dans une situation différente de ce qui a précédé au sein du bloc-BAO, avec les tensions et les désaccords à l’intérieur du bloc, notamment entre l’Europe et les USA, mais aussi entre certains pays asiatiques proches des USA qui se trouvent aujourd’hui très mal à l’aise face à la présidence Trump et à ses foucades diverses vis-à-vis de la Corée du Nord.

Ce regain de tension pourrait d’autre part affecter la situation en Syrie et alentour où le faux-nez Daesh étant déclaré KO, toute l’attention se tourne vers la nébuleuse Al-Nusra dont les Russes viennent d’affirmer qu’elle sera un objectif central pour leurs forces en 2018. Cette annonce a été faite par les militaires (ministère de la défense de Russie), ce qui fait beaucoup plus “opérationnel” qu'une annonce seulement politique ; ce qui laisse supposer également que le “retrait“ russe de Syrie pourrait n’être qu’un repli tactique précédant une nouvelle incursion russe aux côtés des syriens, des Iraniens et du Hezbollah.

Le problème spécifique ici est qu’il n’est plus question de rejouer la pièce-bouffe de l’“alliance objective” (!) USA (bloc-BAO)-Russie contre Daesh puisque les USA sont officiellement alliés d’Al-Nusra qu’ils ont qualifié du doux nom de “rebelles modérés” anti-Assad. C’est ce qu’on annonce depuis quelques semaines sous le jugement que l’“élimination” de Daesh n’est qu’un prélude à la possibilité d’un véritable affrontement entre les USA et la Russie.

Un autre aspect à considérer sur le fond de ce regain d’antirussisme à l’occasion de l’élection présidentielle russe est la possibilité d’une refonte du cabinet Trump qu’on évoque depuis le début de ce mois de décembre dans une orgie de “sources sûres”/FakeNews, comme toujours allant dans le même sens d’une radicalisation très-neocon. (Rumeurs de remplacement de Tillerson par le directeur de la CIA Mike Pompeo, et nouveau directeur de la CIA en la personne du sénateur de l’Arkansas Tom Cotton, ultra-neocon. Trump a aussitôt tweeté de “risibles” ces rumeurs, ce qui ne signifie en aucun cas ce que cela semble signifier, si cela signifie effectivement quelque chose. ) Cet épisode indique évidemment que les milieux extrémistes de “D.C.-la-folle” et du DeepState sont toujours à l’affût d’une radicalisation de la politique extérieure, par réflexe pavlovien irréfragable... Dans ce cas, et si l’on veut une interprétation dans ce sens pavlovien, on dirait que la livraison décidée il y a quelques jours d’armes défensives “létales” des USA à l’Ukraine, livraison à laquelle Tillerson s’opposait, constituerait un signe de cette radicalisation d'une part, de la possibilité du départ de Tillerson d'autre part.

Mais tout cela n’est que rumeurs... Il faut en revenir à l’élection russe, au cas dérisoire de Navalny, pour constater qu’effectivement il est quasiment impossible que de nombreux esprits pavloviens-neocon n’imaginent pas que c’est la période rêvée pour relancer l’hyper-tension au-delà et au-dessus de la surtension constante que nous connaissons entre Russie et USA ; selon deux arguments, cela ; à la fois à cause de l’effarante redécouverte de l’état épouvantable de la pseudo-démocratie russe, à la fois en s’imaginant que l'on peut et qu'il faut profiter d’un certain flottement du pouvoir russe à cette occasion.

Bien entendu, ces deux arguments sont complètement faussés, le premier par absence complète de substance, le second par méconnaissance de la solidité de la structure du pouvoir russe dans cette sorte d’occurrence qui conduirait à un resserrement patriotique et à un durcissement très net de la politique aussi bien que de l’action opérationnelle de la part des Russes. Qu’importe et même au contraire : les neocons ont l’habitude d’avoir tout faux, c’est même une sorte de drogue chez eux, une sorte d’acte convulsif et répétitif, un peu comme l’on respire ; d'où la possibilité du pire à garder à l'esprit....

Le texte de WSWS.org ci-dessous représente un nouvel exemple du bon usage de l’extrême-gauche trotskiste qui, dans sa rigueur idéologique et dans son opposition au pouvoir de l’américanisme, conduit à préférer Poutine, malgré les prises de position antipoutiniennes dans le texte, conformes au dogme comme on le lit dans la dernière phrase de conclusion, particulièrement réaliste par rapport au véritable rapport des forces : « Il appartient à la classe ouvrière de Russie de balayer Poutine et l'oligarchie pour laquelle il parle, et nullement au Département d'Etat américain et aux agences [US] de renseignement. »

dedefensa.org

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Washington et les présidentielles russes

Au cours de l'année écoulée, le Parti démocrate et les principaux médias américains se sont concentrés selon un mode opérationnel de maniaque sur des allégations non fondées selon lesquelles les élections américaines de 2016 ont été faussées par l'ingérence russe.

Il est bon d’avoir à l’esprit ces affirmations alors que l’on peut apprécier la réaction des mêmes, – parti démocrate et médias américains, – à la décision des autorités russes d’interdire à Alexeï Navalny de participer à la prochaine élection présidentielle. Le mouvement a été commenté par des dénonciations pharisaïques dans la presse américaine et internationale. Les journaux ont publié des articles saluant Navalny comme un « croisé anti-corruption » et le visage « démocratique » de « l'opposition populaire » au président russe Vladimir Poutine. Le Washington Post a publié un éditorial condamnant le déménagement à Navalny. Il a déclaré que les « vraies infractions » de Navalny contribuaient à mener l'opposition au gouvernement « autoritaire » de Poutine et « fait sortir des dizaines de milliers de partisans dans les villes de Russie cette année pour dénoncer le régime ».

L'hypocrisie et le cynisme de ces commentaires sont à couper le souffle. Tandis que la soi-disant « ingérence » russe dans les élections américaines se compose de quelques dizaines de milliers de dollars de publicité sur Facebook, Navalny est presque entièrement une créature du Département d’État américain.

Diplômé du Yale World Fellows Program, Navalny figure sur le site internet de Yale en tant que cofondateur du Democratic Alternative Movement, une organisation qui a reçu un financement par le National Endowment for Democracy, soutenu par le gouvernement américain, un fait qu’il a dissimulé de « peur de paraître compromis par une connexion américaine ».

Le World Socialist Web Site ne soutient pas la répression exercée par le gouvernement Poutine contre l'opposition politique, mais la posture de la presse américaine en faveur des « droits de l'homme » et de la « démocratie » est absurde. Les États-Unis, le pays développé le plus inégalitaire et antidémocratique au monde, la principale force de la guerre et de la dictature dans le monde, ne sont pas en mesure de faire la morale aux autres sur la « démocratie ».

Aucun autre pays n’intervient autant, directement, régulièrement et sans vergogne dans les affaires politiques des États étrangers comme les États-Unis. La politique étrangère américaine est une intervention massive dans la politique des autres pays, allant de la propagande, la déstabilisation, le financement des partis d'opposition, la fraude électorale et les coups d'Etat aux bombardements et occupations militaires, l’ensemble ayant fait plus de victimes qu’aucun régime au monde à part l’Allemagne nazie.

Le professeur Dov Levin de l'Université Carnegie Mellon a réuni une base de données documentant jusqu'à 81 interventions entre 1946 et 2000, au cours desquelles Washington s'est ingéré dans des élections dans d'autres pays. Ce nombre ne comprend pas les coups d'État militaires ou les opérations de changement de régime suite à l'élection des candidats opposés par les États-Unis, comme en Iran, au Congo, au Guatemala, au Chili et dans beaucoup d'autres pays.

L'intervention du gouvernement américain et du président Bill Clinton personnellement pour assurer la réélection de Boris Eltsine aux élections de 1996 en Russie était si flagrante que le magazine Time présentait le 15 juillet 1996 une caricature de Yeltsin tenant un drapeau américain, accompagné du titre « Yanks à la rescousse ».

Pour ce qui le concerne, le système électoral américain – avec la vaste influence exercée par les milliardaires et les entreprises, avec le labyrinthe des règles antidémocratiques qui imposent d'énormes obstacles aux candidats tiers – empêche l'écrasante majorité de la population américaine de faire entendre sa voix.

Le rapporteur spécial de l'ONU sur l'extrême pauvreté et les droits de l'homme a déclaré ce mois-ci: « Il n'y a aucun autre pays développé où tant d'électeurs sont privés de leurs droits ... et où les électeurs ordinaires ont si peu d'impact sur les résultats politiques ».

Malgré des preuves substantielles que toute la campagne de Navalny représente un effort des agences de renseignement américaines pour intervenir dans la politique russe, la presse américaine a trouvé un moyen de lier les actions de Poutine contre Navalny à la prétention que le Kremlin subvertit la démocratie américaine. « Alors qu’il met hors la loi la concurrence politique en Russie, M. Poutine continue de superviser les tentatives visant à saper et à faire pencher les élections en Occident », écrit le Washington Post dans son éditorial. « Pour lui, les concours démocratiques sont une vulnérabilité, à éviter chez soi et à exploiter à l'étranger. En ce sens, les gouvernements occidentaux et les démocrates russes ont une cause commune pour contrer M. Poutine ».

Selon les agences de renseignement dont le Washington Post est un porte-parole, le gouvernement russe a cherché à intervenir dans les élections américaines en faisant la promotion des candidats tiers. La semaine dernière, le Comité du renseignement du Sénat a annoncé qu'il enquêtait sur Jill Stein, candidate à la présidentielle de 2016 du Parti vert, au motif que sa campagne a été couverte par RT, le réseau de télévision basé en Russie. Cela ne peut être considéré que comme un effort d'intimidation des tiers et de leurs partisans.

Grâce à un tour de passe-passe incroyable, le Washington Post dénonce la répression d'un candidat indépendant en Russie tout en légitimant les efforts visant à qualifier les partisans du Parti vert aux États-Unis de traîtres.

Il y a un autre problème avec la présentation officielle de Navalny comme la voix de l'opposition populaire à l'oligarchie russe – le fait qu'il soit un extrémiste de droite qui ne bénéficie que d'un soutien marginal parmi l'électorat russe.

Tout en masquant sa politique de droite derrière le masque de l'opposition à la corruption, Navalny a une longue histoire de nationalisme extrême, de liens avec des groupes néo-nazis et de promotion de conceptions racistes. Dans une vidéo YouTube, il compare les minorités en Russie à des « cafards », ajoutant que si les cafards peuvent être tués avec une pantoufle, pour les humains il recommande un pistolet. Pendant la guerre russo-géorgienne de 2008, Navalny a appelé à plusieurs reprises les Géorgiens « des rongeurs » et a exigé l'expulsion de tous les Géorgiens de la Russie.

Danielle Ryan écrit dans un article sur le site Salon que si la presse américaine considère Navalny comme un héros, « ce qui est moins souvent rapporté à propos de Navalny, ce sont ses tendances nationalistes, ses liens avec des groupes néo-nazis, ses commentaires xénophobes et ses opinions anti-immigrés extrêmes. Les références au nationalisme de Navalny en Occident sont généralement enterrées ou balayées, tandis que les gros titres chantent ses louanges ».

Le soutien financier du Département d’État que reçoit Navalny est ainsi renforcé par un soutien massif dépourvu de toute appréciation critique dans la presse américaine et internationale. Le New York Times a publié 387 articles faisant référence à Navalny, le Washington Post en a publié 344 et le Financial Times 299. Malgré la couverture internationale que reçoit sa campagne et une large hostilité populaire envers l'inégalité sociale, qui est presque aussi élevée en Russie qu'aux États-Unis, Navalny n'a le soutien que de deux pour cent de l'électorat, selon un récent sondage indépendant.

Le conflit politique entre Poutine et Navalny représente finalement une lutte au sein de la kleptocratie russe, dans laquelle les États-Unis interviennent avec force. Il appartient à la classe ouvrière de Russie de balayer Poutine et l'oligarchie pour laquelle il parle, et nullement au Département d'Etat américain et aux agences de renseignement.

Andre Damon, WSWS.org

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