Pourquoi pas un “Schengen militaire”, “préférence européenne” à la clef ?

Bloc-Notes

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 569

Lors d’un séminaire organisé par la Fondation Robert Schuman, à Bruxelles, le 15 mai, la discussion a été bon train à propos des questions de défense européenne. On parla notamment et d’une façon générale des effets du blocage institutionnel actuel sur l’évolution de l’Europe de la défense, pourtant la partie la plus prometteuse de la dynamique européenne. On parla précisément de la notion de “préférence européenne” pour les produits et systèmes aérospatiaux et de défense, pour voir confirmée la division régnant parmi les pays européens à cet égard. Certains de ces pays, dit-on, paraissent terrorisés à l’idée de devoir entériner un principe qui vous recommande d’acheter, à conditions économiques égales, le produit européen de préférence au produit américain (on peut dire cela puisque la concurrence n’existe de façon sérieuse qu’entre produits européens et produits américains). Comprenne qui pourra la cause de cette étrange terreur, — et, surtout, qui voudra car il ne faut pas un grand effort intellectuel pour comprendre.

Un des intervenants était Paul Weissenberg, directeur à la DG Entreprise (Commission européenne) pour les questions de l’industrie aéronautique, spatiale et de la défense. Dans sa réponse à une question sur cette fameuse “préférence européenne”, il fut amené à une intéressante remarque. Il observa que si certains des membres de l’UE étaient particulièrement désireux de faire évoluer les choses dans le domaine de la défense, et particulièrement s’ils étaient d’accord sur cette idée de “préférence européenne”, s’ils se réunissaient pour lancer une initiative qui leur soit propre sur cette question (adoption commune de la “préférence européenne”) tout en avisant les autres de cette initiative, — pourquoi pas ? « Après tout, on a déjà vu se réaliser cette sorte de processus, a dit Weissenberg. Vous connaissez la petite ville de Schengen, où un accord à quelques-uns fut signé dans les années 1980? Alors, pourquoi pas un “Schengen militaire”, à quatre, à cinq? »

L’intervention est inhabituelle et intéressante, venue d’un haut fonctionnaire de la Commission. L’attitude générale de la Commission est évidemment de ne pas favoriser toutes les tentatives de type “noyau dur” ou “Europe à géométrie variable”. Par ailleurs (ceci explique-t-il cela ?), Weissenberg a clamé haut et fort durant son intervention, explication étymologique à l’appui, que l’industrie aérospatiale et de défense était sans aucun doute l’“industrie stratégique” par excellence. On en déduit qu’il importe de la traiter comme telle, et, dans cette optique, l’idée de “préférence européenne” est une évidence qui devrait s’imposer à tout esprit loyal. C’est sur ce thème, bien plus que sur les discours et les rodomontades à propos du marché libre, que les Européens devraient se compter.


Mis en ligne le 17 mai 2006 à 10H22