Trop peu, trop tard, et le rouge est mis

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La dégradation continue, à une allure accélérée, à un rythme significatif. Le premier constat est le changement de discours, après un bref entretemps de 3 jours du côté US, un week-end disons, depuis le vote du plan Paulson, où les commentateurs US et appointés se tournaient vers l’Europe pour la sermonner en donnant les USA en exemple comme ayant pris les mesures nécessaires. Wall Street était hier à 9.447 points, ayant perdu 508 points dans la journée, troisième chute consécutive depuis le vote de la Chambre. Conclusion évidente: quoi qu’il en soit de ce qu’on fera des $700 milliards, le plan n’a produit aucun effet, il n’a rien enrayé du tout, la formule est inadéquate. De l’observation habituelle des réactions inadéquates “pas assez trop tard”, on gardera certainement le “trop tard” avec les péripéties catastrophiques qu’on sait, le “trop peu” concernant l'action psychologique.

La position du gouvernement US ressemble de plus en plus à celle du gouvernement Hoover dans les années 1930-32: des mesures prises en nombre respectable, mais toujours trop tard ou à contretemps, par conséquent n’ayant aucun effet psychologique notable dans une occurrence où la psychologie tient un rôle absolument considérable. Le reste du monde suit sur cette pente malheureuse, mais d’une façon moins significative; les USA, par la grâce douteuse de leur puissance et de leur prétention, sont depuis des décennies la locomotive du reste, avec les responsabilités à mesure. Cette fois, la locomotive fonce vers l’abîme.

Parmi la pléthore d’articles sur la situation, citons celui du Guardian d’aujourd’hui, qui donne un bon aperçu résumé des grandes tendances en cours. On se doute qu’elles suivent toutes la même dynamique.

«Alarm over the health of leading US banks sent Wall Street shares plummeting for a fifth successive day despite a broad hint from the Federal Reserve of an imminent cut in interest rates. The Dow Jones industrial average slumped 508 points to 9,447. There were signs of a fresh collapse in confidence in financial institutions as Morgan Stanley, Merrill Lynch and Bank of America each lost a fifth of their value.

»In a week, the blue-chip US index has fallen by 1,400 points, wiping 13% off share prices. The sell-off accelerated after the Fed's chairman, Ben Bernanke, warned of dark days ahead: “Economic activity is likely to be subdued during the remainder of this year and into next year.” He spoke of “financial turmoil” in a speech to a conference in Washington. Bernanke said the slowdown had eased the risk of inflation and in a sentence widely interpreted as a suggestion of an interest rate cut, he added: “The Federal Reserve will need to consider whether the current stance of policy remains appropriate.” […]

»President George Bush, who was visiting an office supply company in a Washington suburb, acknowledged that times were “Tough” but insisted the US would recover, saying: “We've been through tough times before. I wish I could snap my fingers and make what happened stop. But that's not the way it works.”»

Le comportement des dirigeants US est inepte, du point de vue politique et psychologique. D’une part ils reviennent à des propos alarmistes après la stupide accalmie de la croyance aux vertus miraculeuses du plan Paulson; on jugera ces propos alarmistes fort probablement fondés mais ils sont uniquement techniques (Barnanke) ou sans la moindre consistance (Bush), donc sans effet créatif. Aucun effort marquant de mobilisation psychologique, d’incitation lancée à la population, aucune tentative d’élargir l’action du gouvernement à une action collective d’unité nationale pour affronter le danger. On fait confiance au système qui nous démontre mécaniquement, depuis plusieurs mois, les effets catastrophiques de ces vices. Les experts, confits dans leur cloisonnement satisfait et dans leurs certitudes techniques, continuent à dire que la Grande Dépression per se ne peut se reproduire parce que, depuis 1931-33, des mesures techniques imparables ont été mises en place pour que la chose ne se reproduise pas. On voit les premiers résultats de cet aveuglement d’économiste incapable de prendre en main l’élément humain (psychologique) alors que tout le monde ne cesse d’affirmer l’importance de cet élément. Sans doute la Grande Dépression telle qu’elle s’est produite ne se reproduira pas selon les mêmes paramètres techniques mais, avec un pouvoir politique de cet acabit, on pourrait bien avoir pire. Quant à la psychologie du désespoir qui marqua les années 1931-33, on pourrait effectivement la retrouver, mais dans des conditions pires, sans aucun FDR à l’horizon si Obama continue à se contenter pour son parcours électoral de ce que McCain perd avec régularité.


Mis en ligne le 8 octobre 2008 à 09H45