Scène d’escapade d’un char ukrainien aux abords de Slaviansk

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Scène d’escapade d’un char ukrainien aux abords de Slaviansk

Sans nul doute, le site Vineyard of the Saker, déjà signalé ici et là (voir le 4 mars 2014), est une excellente source de commentaires, particulièrement sur la situation opérationnelle en Ukraine. Cette nouvelle du 14 avril 2014, date de presque 24 heures avant le développement de la grande offensive “anti-terroriste” annoncée par Kiev, mais concerne évidemment ses préparatifs. Cette vidéo d'un incident isolé, montrant l’“affrontement” d’un char ukrainien, seul, semblant perdu dans la campagne proche de Slaviansk, avec un groupe d’habitant équipés notamment de ce qui semblerait être (enquête en cours) une antique Renault-10, est parfaitement symbolique des actions en cours dans la partie russophone de l’Ukraine. Saker insiste sur l’interférence de cet incident sur la narrative du bloc BAO concernant l’organisation des révoltes de ces régions par des “forces obscures” évidemment russes, GRU, militaires déguisés, etc. ; ou bien, d'une manière plus expéditive, par des “terroristes” (version Kiev).

«According to me, what you see is simple civilians willing to stand up in front of a tank with their car and their bodies to stop it. What I hear them say is “who the hell do you plan to shoot at? Stop the engine! Stop the engine! What are you pulling your assault rifle out for? Do you think that if we jump on your tank it will protect you?”. Judging by the copious amount of cursing the civilians are really very mad because they are suspecting that this tank is headed for the city of Slaviansk. I would add that the poor tank crew is clearly frightened and ashamed and the tank commander does the only right thing: he climbs out of the tank, begs to crowd not to touch it (he is personally responsible for it) and tries to convince the crowd that they did not plan to shoot anybody. The tank commander looks like a nice young guy placed in an impossible situation, and I hope that the civilians will understand that. They are angry because initially the tank crew tried to avoid them. The good news is that I clearly hear a voice saying “stop screaming! stop screaming!” to try to cool down the angry crowd. And no, I don't see any Spetsnaz GRU in disguise or any sign of Russians at all.»

Les remarques que Saker ajoutent concernant un char isolé, d’un modèle dépassé, pétaradant de la fumée et calant régulièrement, avec la bouche du tube de son canon aveuglée par son “bouchon” réglementaire, s’ajoutent dans le sens d’une description réaliste de l’épisode. (Le comportement pathétique de l’équipage du char, effectivement plongé dans une situation qu’il ne comprend pas, rappelle ce qu’on pouvait voir de l’ahurissement des tankistes russes entrant en Tchécoslovaquie, en août 1968, devant le comportement des civils qu’ils étaient censés aller libérer.)

Cette vidéo, ajoutée à d’autres scènes filmées, à Slaviansk et ailleurs, confirment la progression du chaos dans cette partie de l’Ukraine, avec le fait, observé par Le Monde lui-même dans le titre de cet article du 15 avril 2014 (lui aussi publié avant la confirmation de la “grande offensive”) : «Dans l'est de l'Ukraine, l'autorité de Kiev se réduit d'heure en heure.» Encore serait-il plus judicieux de se demander si cette autorité n’existât jamais, ce qui permettrait de remonter à l’origine de la séquence. En attendant, la “grande offensive” “anti-terroriste” a été lancée, sans doute pour reconquérir cette autorité improbable et insaisissable.


Mis en ligne le 16 avril 2014 à 00H42