Nul ne sait de quoi hier sera fait

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Nul ne sait de quoi hier sera fait

Patrocle est bien le nom du compagnon d’Achille venu se faire transpercer les flancs devant les murs d’enceinte de Troie des flèches et de la lance d’Hector, fils de Priam.

Le récit homérique nous dit le désespoir du demi-dieu à l’annonce de la mort de son ami, la cendre dont il recouvre ses cheveux et les funérailles qu’il lui consacre. Il honore sa dépouille du sacrifice humain de douze jeunes prisonniers jetés dans le feu du bûcher.

Mais Patrocle est aussi le nom d’une île de la Mer Égée, à quelques encablures d’Athènes.

D’à peine quelques kilomètres carrés.

Un riche promoteur David Appel monnayait l’appui d’Ariel Sharon auprès du gouvernement grec, alors ministre des Affaires Étrangères du régime de Tel Aviv, pour transformer ce bout de rocher en lieu de villégiatures avec hôtels et casino. Appel salariait Gilad Sharon, l’un des fils du boucher de Sabra et Chatilla, sans compétence particulière dans le domaine de l’immobilier, 20 000 dollars par mois.

Patrocle est resté nu, Sharon fut élu, cité en justice en 2004 pour cette affaire.

Peu après avoir fait évacuer les colonies juives de Gaza, une hémorragie cérébrale massive plonge le Boucher dans un coma en janvier 2006 pour 8 ans. Ni lui ni ses fils ne seront poursuivis.

Ligoté dans les rets d’une dette souveraine, désormais la souveraineté n’est l’attribut que de cette infamie, le peuple grec apprend, que toutes affaires cessantes, le gouvernement dont il est affublé, par la voix de son ministre de la Défense, signe un accord de coopération militaire avec le régime de Tel Aviv.

Ce gouvernement venait de capituler devant les exigences de la BCE.

Le citoyen grec est dès lors contraint de consacrer une part encore plus importante de son travail, peut-être de vendre son patrimoine archéologique, voire quelques-unes de ses îles, afin de payer les intérêts d’une dette construite pour ne jamais être remboursée. Elle a été contractée pour acquérir des sous-marins allemands et des blindés français. Laquelle quincaillerie ne lui assure pas une autonomie pour sa défense.

L’ennemi visé dans les achats effrénés d’armements n’est autre que le voisin et ancien colonisateur ottoman.

La mythologie d’une menace improbable car émanant d’un pays allié au sein de l’OTAN devait être entretenue avec force persuasion par un personnel politique corrompu pour que ce petit pays alloue plus de 3% de son PIB à un budget militaire pléthorique et inutile.

Or la Turquie venait juste d’offrir une aide financière au peuple grec ami et voisin.

Malgré le différent chypriote, jusque là aucun gouvernement grec n’a passé ouvertement alliance avec les sionistes. Il a fallu la catastrophique coalition de socio-traîtres et so-sionistes Siryza pour que soient bafoués le droit du peuple grec à être protégé des effets d’une dette odieuse et le droit du peuple palestinien qui réclame la mise au ban de l’État qui l’opprime.

Trois hypothèses, disjointes ou groupées en faisceau, peuvent être avancées pour comprendre que l’armée d’occupation de la Palestine prenne pied chez les Hellènes.

Il y a bien quelques réserves gazières et pétrolières au large du Liban, de la Palestine, de la Turquie et de la Grèce.

Ces gisements tiennent mal leurs promesses. Total, pourtant spécialisé dans la prospection en zones très profondes, a renoncé à son exploration des blocs que lui ont été confiés par la Compagnie Nationale Chypriote des hydrocarbures. Les perspectives géologiques, bien plus que les craintes liées à la géopolitique, sont trop peu profitables pour mériter que ne soient engloutis d’énormes investissements en forage de plus de 2000 mètres sous la mer.

Les champs gaziers de Tamar, confiés pour leur exploitation à Noble Energy, entreprise texane et Delek, groupe israélien, n’ont pas rendu comme espéré l’entité sioniste indépendante pour ses besoins énergétiques. De très fortes présomptions pèsent sur une origine algérienne du gaz que continue de fournir l’Égypte de Sissi à Israël.

Les champs du Leviathan, plus à l’ouest, estimés mais pas encore exploités ne sont pas encore reliés à la côte.

Le gouvernement Netanyahu vient d’être mis en difficulté par une commission parlementaire anti-trust qui demandait que la concession gazière soit retirée au consortium Noble Energy et Delek. Elle souhaitait que l’État hébreu ne respecte pas son engagement commercial vis-à-vis des firmes qui ont investi dans la recherche et le forage.

Les Forces d’Occupation Israéliennes ont-elles été appelées pour constituer un argument dissuasif envers le Liban, la Syrie et la Turquie en cas d’installation d’une plateforme pétrolière au large de Chypre ?

Tiraillée entre de multiples tropismes, tour à tour champion des luttes d’émancipation des peuples arabes de leurs dictateurs compromis avec l’Occident, allié d’Israël contre l’Iran et candidate à l’Organisation de coopération de Shanghai, la Turquie s’est portée récemment partenaire de la Russie. Le projet South Stream ayant été abandonné, les conduites de gaz vers l’Europe passeront par la Turquie pour contourner l’Ukraine. La Grèce dans cette nouvelle configuration est l’aboutissement naturel du projet de nouveau transit pour Gazprom.

Une coopération gazière entre la Grèce et la Turquie deviendrait entre les mains d’un gouvernement patriote une pression sur les créanciers de la Troïka.

La présence d’une soldatesque israélienne ne peut constituer une garantie pour le respect de l’engagement russe. Aurait-elle pour vocation de gauchir le vecteur Athènes-Ankara-Téhéran-Moscou ?

Pendant ce temps, le gouvernement d’Erdogan bombarde les sites du PKK qui réussissait à déloger Daesh sur la frontière syrienne. L’aviation turque pilonne les positions kurdes autonomistes d’obédience marxiste sans porter la moindre atteinte à l’État ‘islamiste’ du Levant et d’Irak, largement armé par ses soins et aux finances renflouées par la vente du pétrole dérobé à l’Irak. Ce respect témoigné à l’intégrité de Daesh marque la fidélité turque aux injonctions étasuniennes et sionistes. Les exercices conjoints en Méditerranée grecs et israéliens n’apporteront rien de plus.

Enfin, cette coopération peut figurer le recours à une force étrangère de répression d’une population civile en révolte contre l’acceptation aberrante de Tsipras après avoir eu mandat du peuple de prendre le large d’obtempérer aux décisions de la Troïka.

L’armée israélienne a développé une réputation, tous les deux ans consolidée par une petite expédition sur Gaza, d’un savoir faire hors pair en matière de répression policière.

Sarközy de Nagy Bocsa alors ministre de l’Intérieur a fait appel aux conseils de son homologue au chef de la police israéliens et lors de la flambée des banlieues en 2005.

On ne compte plus les pays où les Forces d’Occupation Israéliennes ont pris pied pour régler des problèmes intérieurs, comme en Colombie en tant que conseillères grassement payées contre les FARC, vraisemblablement comme ressource encadrant Pravy Sektor lors du Maydan à Kiev.

Tout ceci se produit un an après une agression militaire israélienne qui a réussi à dégrader davantage les conditions de vie d’une population de Gaza sous blocus depuis 2006, privée de l’essentiel des tunnels qui lui permettait d’être ravitaillée.

D’année en année plus démunie, vivant dans les gravats et avec des ressources limitées en électricité, mais de plus en plus déterminée à résister.

Sans la moindre surprise, l’autre nom d’Al Qaïda, Daesh ou Isis, n’a jamais signé le moindre acte « barbare » contre l’occupant israélien, mais a trouvé l’opportunité de faire exploser des voitures appartenant à des dirigeants des branches armées du Hamas et du Jihad islamiques engagées sous le seul drapeau palestinien avec celles du FPLP l’été 2014 contre l’armée d’occupation.

Les Brigades Azzedine Al Qassam ont entrepris l’entraînement de 25.000 Gazaouis au maniement des armes cet été. Un contingent puisé dans le peuple et non une armée de professionnels est prêt à résister à une inévitable prochaine attaque. Chaque nouveau massacre est une vitrine pour l’armement israélien à défaut de transférer massivement les indigènes en Transjordanie.

Quand Athènes a entrepris de se tourner vers l’Occident, en allant sur les indications du bel Alcibiade étendre son empire sur la Sicile, elle mit fin à son régime démocratique et a prononcé la fin de son hégémonie au profit de Sparte.

L’histoire lointaine et récente de la Grèce montre son enracinement à son Orient.

Son accrochage à une construction européenne résulte d’un artifice, la falsification de ses comptes par une entreprise financière étasunienne.

La recherche de l’appui de Netanyahu s’apparente à celui qu’a recherché Alcibiade auprès du satrape de toute l’Ionie Tissapherne qui a fini par faire triompher Spartes au dépens d’Athènes.

Léon Chestov dans « Athènes et Jérusalem » rapporte qu’enfant, Henri Heine répondait à son professeur de français, pour le faire enrager, que Foi se disait Der Kredit en allemand.

Foi et crédit sont désormais confondus par la plupart.

Badia Benjelloun