Le Sénat US et les sanctions contre l’Iran : de plus en plus réticent

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Le Sénat US et les sanctions contre l’Iran : de plus en plus réticent

La situation inattendue au Sénat US dans l'affaire iranienne ne cesse de se confirmer. Selon une habitude bien établie, il ne faisait aucun doute que le Sénat voterait des sanctions supplémentaires contre l’Iran après le premier accord P5+1 de l’automne 2013, dans l'intention constructive de torpiller l'accord. Après un premier élan conforme, le rythme s’est brusquement réduit, avec notamment un blocage sur la voie du vote d'un projet de loi imposant de nouvelles sanctions qui a pourtant reçu le soutien de 59 sénateurs. Même le rôle de l’AIPAC dans cette affaire est mystérieux, avec une certaine posture d’effacement. (Voir le 17 janvier 2014.)

Il s’avère que cette situation de blocage se durcit encore, avec de nouveaux sénateurs démocrates qui viennent renforcer la position du leader de la majorité démocrate Henry Reid qui refuse faire voter le projet de loi. (Ces interventions font d’ailleurs penser qu’un vote du projet de loi ne suffirait pas à dégager 67 voix en sa faveur, nécessaires pour repousser un veto certain de la Maison-Blanche.)

Antiwar.com signale cette évolution le 24 janvier 2014 : «More key Senate Democrats are coming out against an immediate vote on Iran sanctions today, with Sen. Patty Murray (D–WA) and usually hawkish Sen. Elizabeth Warren (D– MA) both opposing a vote.

This puts much of the Senate leadership on the side of waiting, and allowing diplomacy with Iran to continue, and suggests that the Iran sanctions bill, aimed at violating the Iran deal and ending the talks, is less likely than ever to see a vote in the near term. The momentum has been swinging that way for awhile now, and with the interim Iran deal now formally in place, the push to kill it seems to be losing some of its urgency, with less and less confidence that they can get a veto-proof majority at any rate...»

Un aspect intéressant de la nouvelle est la position de la sénatrice Elizabeth Warren. On a vu (le 18 novembre 2013) qu’elle se posait comme leader d’un nouveau mouvement populiste de gauche (et allié objectif des libertariens-populistes de droite du côté républicain), avec peut-être comme projet de présenter une alternative populiste à la candidature d’Hillary Clinton en 2016 pour le parti démocrate aux présidentielles. Cet aspect populiste concerne surtout ses positions intérieures, alors qu’elle s’affirmait comme “faucons” sur les problèmes extérieurs pendant sa campagne sénatoriale de l’automne 2013. L’évolution qu’elle semble manifester est évidemment bienvenue mais elle ne doit pas être nécessairement prise comme un cas isolé. Elle témoigne d’une lassitude générale, AIPAC ou pas, de la direction washingtonienne pour les exercices agressifs et éventuellement guerriers, déjà visible (y compris au Sénat) lors de l’épisode syrien d’août-septembre 2013 (voir le 9 septembre 2014 et le 10 septembre 2013).


Mis en ligne le 24 janvier 2014 à 09H23