La moraline dégouline, l’Élysée s’en ripoline

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La moraline dégouline, l’Élysée s’en ripoline

L’homme qui réside à l’Élysée, pris d’une crise aigüe de moraline, a remplacé l’ennemi sans visage cité dans son discours programmatique de janvier 2012 par une figure de substitution. Il fallait certes vouloir ignorer la composition de ses conseillers économiques, tous banquiers et économistes orthodoxes, pour accorder quelque crédit à ses promesses de campagne électorale. Ce ne sont pas les quelques milliers d’emplois aidés affectés à des activités de service, réservés à une clientèle et payés par l’impôt, qui amorceront la sortie de la récession.

L’homme élu par défaut, le pressenti ayant été disqualifié pour crime patent, a réussi un exploit, être plus petit et plus ridicule que son prédécesseur et pas moins tendance aspirant colonialiste.

Il se trompe de siècle, il ne peut être le Guy Mollet de ce millénaire débutant.

Il ne dispose pas d’une puissance telle qu’il puisse mener la destruction d’un pays souverain sans se recommander d’une autre raison que son intérêt impérial. La capacité militaire du pays est fort restreinte pour endettement de l’État en faveur des banques et de plus elle est concurrencée par des forces émergentes. L’agression militaire programmée doit alors se justifier auprès des opinions publiques par des arguments incontestables et requérir l’adhésion d’un peuple auquel on impose par ailleurs une rigueur budgétaire.

La synthèse nationale de renseignement déclassifiée offerte au public n’apporte aucun élément qui authentifie une attaque au gaz neurotoxique pas plus qu’elle n’apporte de certitude sur ses auteurs.

Si des experts du renseignement militaire français commettent l’erreur logique d’établir un lien de causalité certain entre deux faits simplement parce qu’ils sont contemporains ou se contentent de son existence plausible, alors ce pays ne dispose plus d’une sécurité militaire digne de ce nom.

Il était fort inutile de consacrer plus de cinq pages sur les neufs à établir la possession d’armes chimiques par la Syrie qui n’a pu signer la Convention sur l’interdiction des armes chimiques de 1925 puisqu’elle était encore une colonie française et qui n’a pas non plus ratifié sa nouvelle version en 1993 car une latitude a été accordée pour cette arme du pauvre face à l’armement nucléaire israélien.

La publication de ce document est une faute politique, elle met à nu une Défense en la présentant comme incompétente sans entraîner l’effet escompté d’adhésion de l’opinion publique réfractaire aux fabrications de ‘preuves’ qui rendent licite les aventures bellicistes injustes.

Lors d’une conférence de presse tenue en marge du G20, l’homme qui parle au nom de la France a énoncé un propos qui mérite d’être pris au mot. Il évoquait une coalition des nations européennes forcément vertueuses contre l’innommable:

"Sinon une large coalition devra se former, se forme en ce moment même, pour rassembler tous les pays qui n'acceptent pas qu'un pays, qu'un régime puisse utiliser des armes chimiques" (2)

Coup sur coup, des documents déclassifiés de la CIA confirment sa responsabilité dans l’organisation du coup d’État contre le gouvernement iranien de Mossadegh en 1953, prélude à un régime dictatorial asservi aux intérêts étasuniens, et l’implication des autorités étasuniennes dans la fourniture des armes chimiques à Saddam Hussein qui ont permis le gazage de l’armée iranienne et de ses opposants à Halabja en 1988. On estime à plus de 180 000 morts l’exécution du programme de destruction des villages kurdes par Saddam Hussein avec l’assistance des US(a).

Nous espérons que François Hollande et son Ministre des Affaires Étrangères qui se prend abusivement pour un Ministre de la Guerre, renseignés tous deux officiellement sur l’origine des gaz livrés à Saddam pour ses tueries, déploieront des efforts punitifs proportionnels au désastre humain occasionné contre le pays responsable de la livraison.

De même, ils doivent sanctionner avec la plus extrême des sévérités l’usage avéré de plusieurs tonnes d’uranium appauvri en isotope 235 et enrichi en isotope 238 en 2003 en Irak, particulièrement à Falloujah qui a de plus reçu des pluies de napalm.

Ils ne devront pas oublier dans leur comptabilité de moralistes une autre arme chimique prohibée, le phosphore blanc qui a abondamment arrosé la population palestinienne incarcérée dans la prison de Gaza en 2008-2009.

Israël ne s’en est pas caché. Il n’est nul besoin de se faire apporter des preuves par l’ONU, des films authentiques et le recensement des dégâts qu’aucun pervers ne songera à imputer à un autre responsable que l’armée d’occupation sioniste sont disponibles. Des rapports médicaux font état d’un nombre anormal de naissances d’enfant malformés dans les familles palestiniennes résidant dans des zones ayant reçu des impacts de missiles à l’uranium appauvri.

Sus aux pourvoyeurs des armes chimiques et à leurs lâches utilisateurs contre les populations civiles.

À tous.

Vous honoreriez la France au lieu de la couvrir de ridicule par pusillanimité, inculture politique et mépris arrogant pour l’intelligence des peuples.

Gardez par devers vous cette moralité paternaliste d’un autre âge que vous croyez pouvoir employer comme arme de destruction à l’encontre de nations que vous estimez à tort faibles. Elles sont capables de rétorsion d’une ampleur que vos services de renseignement s’ils étaient compétents apprécieraient et dès lors vous dissuaderaient de les attaquer.

Badia Benjelloun