La France, incontestable leader de la sottise européenne face à l’Iran

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L’UE face à l’Iran est à l’égale de ce qu’elle est: vaine, irresponsable, arrogante et profondément stupide jusqu’à la sottise écervelée d’un people de salon. Sans aucun doute, c’est l’“exception” française qui domine le tout. La “politique” française face à l’Iran est un mélange assez justement équilibrée, ce qui montre une certaine recherche, d’un édito de Libération et d’une vocifération jacteuse et énervée d’un Cohn-Bendit. La synthèse se nomme Sarko, qui établit un singulier précédent dans le domaine de l’insignifiance par la vitupération, ou de la vitupération par l’insignifiance.

EUObserver, du 22 juin 2009 nous instruit là-dessus, – et nous nous en tiendrons aux quelques observations françaises et allemandes, plus un en-cas anglo-saxon.

«French President Nicolas Sarkozy said the attitude of Iranian authorities was “inexcusable,” and highlighted the government's “pariah” status. Tehran, already isolated due to its nuclear ambitions, is now “depriving its people of their most basic democratic rights,” he said.

»Earlier on, German Chancellor Angela Merkel called for a full vote recount. “Germany stands by the people in Iran who want to exercise their right to freedom of expression and freedom of assembly,” she said. A new analysis of voting figures by independent British think tank Chatham House found “irregularities” in the turnout and “highly implausible” swings to Ahmadinejad.

»British foreign secretary David Miliband warned the death toll “will raise the level of concern among Iranians and around the world,” while US president Barack Obama toughened his stance, calling on Tehran to stop “violent and unjust actions against its own people.”»

Comme on voit sur la fin de l’extrait, les Anglo-Saxons durcissent leur ton, mais avec de la retenue, en tentant de ne pas mettre en cause d’une façon irrémédiable la direction iranienne, notamment en ne se prononçant pas officiellement sur le vote, les accusations de fraude, etc. La phrase de Milibrand est un chef d’œuvre d’une certaine franchise indirecte et hypocritement (c’est-à-dire habilement) dissimulée, puisqu’il implique finalement le message indirect envoyé au gouvernement de l’Iran que si le bilan des morts continuent à augmenter, cela “obligera” certains (le gouvernement britannique) à devoir exprimer leur désapprobation d’une manière publique.

D’une façon générale européenne, la sottise hypocrite et irresponsable de la politique européenne continentale, sous l’inspiration incontestable de la France, est qu’elle est basée sur une appréciation relative (l’indignation ne porte pas sur la répression en soi mais sur son écho médiatique), sur une appréciation d’ingérence (l’affirmation de fraude avérée, déjà faite par Sarko), sur une appréciation purement polémique (l’Iran, gouvernement “paria”), sur une appréciation absolument faussaire, en y ajoutant la question nucléaire (l’isolement de l’Iran). Cette politique est un chef d’œuvre de prospective “lose-lose-lose-lose”: si les durs restent au pouvoir, l’Iran n’oubliera pas le comportement français; si les modérés-bidon prennent le pouvoir, ils n’auront de cesse de poursuivre la politique iranienne d’affirmation nationale et seront donc conduits à ne pas oublier le comportement français (Steve Clemons le 21 juin 2009 : « If Khamenei falls in this attempt to further consolidate his power, those that lead Iran may use a new form of nationalism, even a more strident form of nationalism, to legitimate who and what they represent in the eyes of the Iranian people»); s’il y a un compromis entre les deux avec quelques aménagements intérieurs, l’entente se fera sur la poursuite de la politique extérieure d’affirmation nationale et personne n’oubliera le comportement français; si tout cela explose, tout le monde aura un problème en Occident, et personne, en Occident, n’oubliera le comportement français qui sera alors considéré comme la démarche irresponsable classique d’avoir mis de l’huile sur le feu.

D’une façon générale occidentale, et cela également du côté anglo-saxon, il y a le constat que la politique étrangère occidentale est complètement otage, à terme plus ou moins long selon le courage et l’intelligence des dirigeants (terme nul pour la France, gradué pour les autres) de l’idéologie médiatique ou “de communication”. Cette prise en otage implique la réduction progressive de la politique étrangère à la pure émotion artificielle, sélective, orientée, etc., inspirée par les médias “officiels” répondant aux consignes d’une classe indéfinie, dont la philosophie est élaborée par les people, les présentateurs de talk-shows, les artistes en tournée de promotion, les conversations des cafés chics, les politiques habiles des directeurs de la communication, et accessoirement un œil torve sur les sondages. Le tout, en fait de politique étrangère, doit être qualifié de dégénérescence parfaite, biologiquement pure.

Pour le reste et pour s’instruire d’une prospective politique, il est intéressant de lire une analyse de Zvi Bar'el , de Haaretz ce 22 juin 2009. Il y a une rapide situation des événements en Iran, avec l’accent mis sur leur complication, les hésitations des uns et des autres, les positions incertaines de divers dirigeants, y compris de dirigeants du clergé, enfin l’affirmation que la poursuite d’une lutte à outrance des deux côtés ne peut aboutir qu’à une impasse. La conclusion de Zvi Bar'el est qu’il y aurait éventuellement la recherche d’un compromis, peut-être déjà esquissée par une proposition du clan Mousavi, mais avec, dans ce cas, dans l’entre-temps, une tentative de renforcement des positions respectives par un durcissement des actions dans la rue.

«Therefore, the opposition on Sunday proposed establishing a neutral commission of inquiry that would thoroughly investigate the entire election, instead of the recount of a random 10 percent of ballot boxes that Khamenei has instructed the Guardian Council to perform. This new proposal reflects an utter lack of faith in the Guardian Council, which Khamenei appointed, and if accepted, it will constitute a major achievement for the opposition.

»Parliament Speaker Ali Larijani, who is affiliated with Ahmadinejad's hard-line camp, has come out in favor of this proposal, saying the Guardian Council cannot be a neutral arbiter because some of its members expressed support for Ahmadinejad before the election. The opposition is also trying to recruit important clerics who have thus far declined to enter the political fray. Should they join Mousavi's camp, this would put heavy pressure on Khamenei.

»Since neither side can be certain of victory, a mutually acceptable political compromise is still a likely outcome. But even if this does eventually happen, both sides will want to display maximum power on the streets until then. Thus, in the coming days, additional escalation is likely, in both the scope of the demonstrations and the amount of force the government uses to suppress them.»


Mis en ligne le 22 juin 2009 à 17H35