La colère des étudiants anglais : “Bienvenus à bord” ?

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La colère des étudiants anglais : “Bienvenus à bord” ?

Mercredi, une manifestation de protestation des étudiants anglais contre les mesures gouvernementales (études plus chères, restrictions, etc.) a tourné en une puissante démonstration de force (50.000 personnes alors qu’on en attendait quelques milliers), agrémentée de violence contre le quartier-général du parti conservateur. The Independent en rendait compte le 11 novembre 2010, comme de la fin du “consensus” ayant présidé à la formation du nouveau gouvernement et à la nécessité de restrictions considérables des dépenses publiques.

Zoe Pilger, du même quotidien, observait, le même 11 novembre 2010, combien la rage des manifestants était palpable, combien “le radicalisme” et la colère sont dans l’air…

«[T]this was the biggest march by students in a generation. […] What brought everyone out on to the streets? The general consensus was anger. The rights afforded by education are not simply the reserve of the elite, a claim implied by some commentators… […]

»One of the speakers at the rally was Angela Maddock, an art lecturer from Swansea University. She rejected the idea that the arts should be subordinated to so-called “useful” subjects, and instead argued for a defence of “art for art's sake”. The Government's decision to ringfence science and technology while cutting the entire teaching budget for the arts and humanities, points to an alarming ethos.

»The biggest cheer came when speakers made the connection between the “eye-watering” price of proposed tuition fees and the banking scandal. Radicalism is in the air. The rage is palpable.»

Eux-mêmes surpris par le succès de leur manifestation, les étudiants britanniques semblent préparer une journée d’action nationale pour le 24 novembre prochain. Le Guardian l’annonce ce 11 novembre 2010

«Emboldened by the numbers who took to the streets of London to campaign against the proposal to charge up to £9,000 a year in fees, students are planning a wave of direct-action protests across the country.

»Protesters occupied a building at the University of Manchester today, demanding access to accounts to see how government spending cuts may affect students and staff.

»Grassroots groups were drawing up plans for a national day of action in two weeks' time. Michael Chessum, the co-founder of the National Campaign Against the Cuts, predicted there would be widespread disruption as students staged sit-ins, occupations or walkouts at universities and colleges on 24 November.

»“We went off script: the script that said a few thousand people would turn up, complain a bit, and go home; and the cuts would go through pretty much as planned,” said Chessum, 21, a sabbatical officer at University College London. “That has changed. Now students really feel they can stop this.”

»A statement published by student leaders praised the storming of the building housing Conservative party headquarters by a fringe group of protesters on Wednesday. “We reject any attempt to characterise the Millbank protest as small, ‘extremist’ or unrepresentative of our movement. We celebrate the fact that thousands of students were willing to send a message to the Tories that we will fight to win. Occupations are a long established tradition in the student movement that should be defended.”»

D’une façon générale, divers commentateurs britanniques ont observé avec un sentiment de frustration les mouvements de protestation en France, durant le mois d’octobre, comme Tariq Ali le 19 octobre 2010 dans le Guardian. Il est possible que cette frustration concernant l’apathie britannique par contraste avec l’expression de la colère française se transforme en une certaine satisfaction de voir cette apathie éventuellement transformée elle-même en une colère revendicatrice effective. Les conditions faites aux Britanniques par les mesures gouvernementales sont évidemment épouvantables et vont toujours dans le même sens du système qui a conduit à la catastrophe, qui, aujourd’hui, “justifie” ces mesures.

Après l’accord de défense franco-britannique (voir le 4 novembre 2010), y aura-t-il un nouvel accord franco-britannique en marche, cette fois de contestation du système ? C’est une question intéressante pour ce pays, le Royaume-Uni, qui est à la fois, dans ses sphères officielles et dans ses élites, le parangon du système, le plus grand dévot du système et la principale victime du système. Message des Français aux Britanniques : “Bienvenus à bord”, – et perspectives sur un élargissement de la contestation du système au Royaume-Uni.

dedefensa.org