Gaza, cimetière sous la lune

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Gaza, cimetière sous la lune

En février 2003, “La Paix maintenant”, cite la lettre d’un soldat juif à Hébron : "Alors que je montais la garde devant la soukka (cabane provisoire montée pendant la fête juive de Soukkot), deux enfants arabes sont sortis de la casbah. Sept fidèles qui se trouvaient dans la soukka se sont jetés sur eux. Nous nous sommes interposés et nous avons tous reçu des coups de poing dans la figure de la part des colons qui par ailleurs hurlaient et nous insultaient. Les cibles principales des colons étaient les Druzes et les Bédouins, ainsi que les volontaires de la Présence Internationale à Hébron. J'ai dû intervenir un nombre incalculable de fois pour m'interposer entre eux et les colons. Les violences, le vandalisme et les injures racistes représentent une goutte d'eau par rapport à ce que les Arabes de Hébron subissent tous les jours. Ces actions ont fait de nous, les combattants, non plus une force chargée de protéger les Juifs des assaillants arabes, mais une force qui protège les Arabes des Juifs. J'ai souvent entendu des colons se plaindre que nous les empêchions de battre des Arabes, de pénétrer dans leurs magasins et de se livrer au vandalisme. »

En 1982, peu après l'invasion du Liban, du fait que certains soldats israéliens s’étaient montrés indignes, le philosophe israélien Yesayahou Leibowitz parlait de mentalité « judéo-nazie ». Le 20 avril 2004, la journaliste Yanya Reinhart du Yediot Aharonot écrit : « Déjà En 1969, le philosophe avait prévu que, dans les zones occupées, «des camps de concentration» pourraient être construits par les israéliens. Israël deviendrait un État qui ne mérite pas d'exister, qui ne vaut pas la peine d’être préservé ». Faut-il suivre le philosophe, rayer Israël de la carte?

Même les gauchistes les plus radicaux ressentaient un malaise quand le professeur Yeshayahou Leibowitz traitait les colons de "judéo-nazis". Moins de 30 ans plus tard, ses mots sont devenus réalité avec un graffiti sur un mur de l'enclave juive de Hébron. Il y a quelques semaines, Shabtai Gold, photographe, a trouvé et photographié la phrase écrite sur un mur de l'enclave: "les Arabes au crématoire" à côté d'une étoile de David.

Le 25 mai 2004, « Libération » par la voix de Pierre Marcelle (faut-il ne pas dire qu’il est juif ?) : « L'obsessionnel et indigne procès en «nouvel antisémitisme» fait à des voix de gauche sitôt qu'elles réclament justice pour les Palestiniens s'est enrichi dimanche (…/.) d'un propos qui fera date. Son locuteur, Yossef Lapid, n'est pas un gauchiste, mais le chef du parti (laïque) de centre droit Shinouï, et ministre de la Justice israélien. Son évocation des opérations menées par Tsahal à Rafah, est une bombe : «Lorsque j'ai vu (...) les images d'une vieille palestinienne à genoux en train de chercher ses médicaments (...) dans les décombres de sa maison détruite, cela m'a rappelé ma grand-mère.» Celle-ci, précisait-il, fut assassinée par les nazis. Yossef Lapid eut beau ajouter : «Je ne fais pas de comparaison entre Israël et les nazis, je ne fais qu'exprimer l'association d'idées qui m'est venue à l'esprit», ses mots, hier encore inaudibles, sinon inconcevables, brisent un tabou constitutif de l'Etat et de l'histoire d'Israël ».

Gilad Atzmon, juif britannique : « L’holocauste est la nouvelle religion juive. Toutefois, cela ne m’empêche pas de prendre la liberté d’étendre la notion d’Holocauste elle-même. Plutôt que de me référer uniquement au judéocide nazi, j’affirme ici que l’Holocauste est, de fait, engravé dans la culture juive, dans la mentalité juive. L’Holocauste, c’est l’essence du syndrome de stress prétraumatique collectif juif, lequel est antérieur à la Shoah. Être juif, c’est voir une menace dans tout Goy, c’est être constamment sur ses gardes. C’est adopter le message du Livre d’ Esther, c’est viser les centres les plus influents de l’hégémonie, c’est collaborer avec le pouvoir et se lier aux gouvernants ».

Dialogue surréaliste

‒ Camp de concentration, camp de concentration!!! Vous délirez monsieur!... Gaza n’a pas de chambres à gaz!

‒ Non, seulement des bombes au phosphore blanc de temps à autres jetées ça et là sur les gens. Il y a peut-être moins de morts qu’en chambre mais on en parle davantage parce que les généreux médias humanistes et démocratiques s’en émeuvent...

‒ Et Gaza n’a pas non plus de kapos ! Ces horribles juifs collabos !

‒ Si, figurez-vous... Certains Palestiniens collaborent avec Israël et trahissent. C’est grâce à eux et aux drones que l’armée israélienne cible chaque maison suspecte et frappe chirurgicalement, si bien que nous n’avons que 700 morts en quinze jours (23.07.14).

‒ Mais vous ne pouvez pas comparer l’incomparable, les Gazaouis sont libres de se promener, de travailler.

– Oui dans le périmètre de barbelés qui entourent la bande à l’est et au sud et la mer à l’ouest. Les kapos d’Israël sont dehors et font de temps en temps du tir au pigeon. Mais vous avez raison, Gaza est quand même plus confortable qu’Auschwitz et le climat plus vivifiant.

‒ Et les roquettes monsieur qu’en faites-vous?

– Rien ! Elles ont tué un homme, en ont blessés deux.

– Les Juifs n’ont-ils pas le droit de se défendre ?

– Si ! un talion à quelle puissance serait selon vous acceptable? 100, 200 ? On en est à peu près à puissance 500, ça vous va? Pourquoi à votre avis les « tsahaliens » qui sont si humanistes, si courageux, si bien formés, si « thora », n’ont-ils pas attaqué sur terre tout de suite? ça aurait évité les pertes civiles, montré leur courage, la perfection de leurs services de renseignements, de leurs chars Merkava ?

– Ah parce que d’après vous ils devraient se faire tuer par dizaine ou centaine pour détruire des roquettes ou des tunnels?

– Pourquoi pas, un soldat, c’est fait pour mourir davantage qu’une femme ou un enfant, non ? Et là, ils auraient fait moins les fiers qu’à Ramallah ou Bethléem où ils tirent les gamins désarmés... Ils l’auraient eu leur vraie guerre !

‒ Mais enfin, c’est l’extermination des Juifs que vous voulez? Vous ne voyez pas que c’est ça que le monde veut ? Pendant la deuxième guerre tout le monde savait ce qu’on faisait aux Juifs et ces salauds d’Américains et d’Anglais refusaient de bombarder les vois ferrées menant aux camps !

– Oui, en ce moment, c’est pareil, le monde entier sait et aucun porte-avion n’envoie ses Rafales bombarder les infâmes criminels qui tuent femmes et enfant sous les yeux de la télévision. Mieux, on leur dit qu’ils ont raison de se défendre contre les roquettes du Hamas qui à ce jour ont tué une personne et blessé deux. Non vous avez raison, Gaza n’a pas de chambre à gaz, Gaza c’est juste un cimetière sous la lune.

Marc Gébelin


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