Du bluff technologique au bluff terroristique

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Du bluff technologique au bluff terroristique

Lutte contre la Terreur

Depuis au moins 2001 et les fameuses tours jumelles, emblème du Commerce Mondial, effondrées sur elles-mêmes et leur septième petite sœur la toujours oubliée dans le décompte des décombres, le Terrorisme est le maître mot. Il est l’opérateur qui convertit toute mesure coercitive et toute agression militaire en manifestation légitime du pouvoir.

Les budgets consacrés à la lutte contre le concept brandi comme l’ennemi fédérateur absorbent l’essentiel de la part attribuée par les États, en particulier occidentaux, à la Défense et à la sécurité intérieure. Cette affectation des recettes fiscales se prélève sur des ressources de plus en plus étiques en raison des politiques libérales qui allègent l’impôt des riches et n’empêchent nullement l’évasion fiscale. Elle est justifiée par l’amplification médiatique d’un phénomène qui a la consistance d’un mythe construit autour d’un personnage que les services de renseignements du monde entier auraient débusqué au bout de dix années de recherche, assassiné sans jugement et dont la dépouille a été soustraite à toute investigation.

Le péril nucléaire là où il est

En périphérie du développement des crises qui émaillent l’involution d’un capitalisme dérégulé élevé au rang de l’unique religion acceptable, une anecdote récente pourrait faire sourire.

Dans sa singularité, elle condense quelques caractéristiques de l’époque.

Un (ou des) drone a survolé une centrale électrique nucléaire en France. Il semble que près d’une vingtaine de ces survols a été comptabilisée depuis le mois d’octobre au-dessus de différents sites nucléaires produisant de l’électricité.

L’hypothèse de la véracité de la multiplication de ces survols étant admise, quelques déductions élémentaires s’imposent.

En premier lieu, les sites les plus sensibles à d’éventuelles attaques terroristes ne sont pas protégés. Les interventions militaires onéreuses en Libye puis au Mali ont certes détruit ces pays, leur économie et leur structure sociale. Elles ont détourné des allocations qui auraient pu être consacrées à une réelle prévention d’actes terroristes autrement plus dévastateurs que les assassinats perpétrés à Toulouse par un illuminé identifié par les Services qui l’ont mystérieusement épargné pendant des années.

De tels survols ne suscitent aucune réaction punitive.

De plus, l’identification des auteurs de ces survols est longue à établir quand elle peut être réalisée.

N’importe quel amateur de modélisme sans compétence technique ou scientifique particulière est susceptible de la prouesse de faire emprunter à un objet volant un itinéraire interdit.

De tels objets volants non habités conduits depuis une base terrestre sont donc en possession de simples particuliers.

Qu’en serait-il de groupes déterminés à déstabiliser des États nations? De telles organisations militaro-politiques sont des coquilles héritées du 19 ème siècle. Elles fonctionnent pour des entités supranationales comme le prouve par exemple la nécessité pour chaque membre de l’Union Européenne de présenter son plan de budget annuel devant la Commission européenne. Ce contrôle, expression d’un authentique protectorat qui a annulé toute souveraineté économique, est chargé de valider les mesures d’austérité, c’est-à-dire pas d’investissement public risquant de creuser le déficit budgétaire. La barre de 3% édictée arbitrairement ne saurait être franchie sans faire froncer du sourcil les éventuels acheteurs de la dette publique sur le marché financier international. Or l’aggravation essentielle de la dette publique s’est réalisée depuis 2007 lors de la politique de soutien vigoureux aux grandes banques privées sur le point de faire faillite en raison de leurs énormes avoirs en créances ‘douteuses’ très prisées car de rendement d’autant plus astronomique qu’elles présentaient un fort risque de non remboursement.

Si le circuit devait se résumer, il reviendrait à dire qu’une entité lève des impôts pour payer la charge d’une dette contractée auprès d’institutions financières privées. Laquelle dette s’est alourdie car cette même entité a pris en charge les créances douteuses de ces institutions privées qui ont joué au casino en garantissant leurs positions et points de vue auprès des gouvernements dont elles ont favorisé la composition.

Cette boucle s’autoalimente puisque les détenteurs du capital forgent l’opinion des contribuables qui consentent à la corvée et à la taille. Elle est assurée de se perpétuer car il est interdit aux États de se fournir auprès de leur Banque centrale pour monétiser leur dette.

La sécurité des peuples condamnés à servir la Dette importe peu.

La drôlerie dronatique

La conflagration de centrales nucléaires laissées à la portée de drones d’origine non identifiée n’est pas une priorité pour la machinerie collectrice de l’impôt.

Un drone est un objet manufacturé mettant en jeu une technologie qui a facilement essaimé.

Les drones de surveillance de l’OTAN ont été interceptés et analysés par l’Iran. Désormais, le Hezbollah fait voler ces ridicules appareils quand il le veut au-dessus de zones “sensibles” en Palestine occupée.

Parmi les bientôt deux cents États reconnus par l’ONU (les prochains à venir seraient la Catalogne et l’Écosse), il n’y a pratiquement que deux qui aient produit des chefs politiques dignes d’être écoutés. En dehors de la Bolivie, Vladimir Poutine pour la Fédération de Russie et Sayed Hassan Nasrallah pour le Liban dressent des descriptions géostratégiques de leurs régions respectives avec la sobriété qui sied à ceux qui contemplent les désastres accomplis par leurs ennemis et font part de leurs prévisions, crédibles, sans emphase. Leurs discours ont une teneur d’anti-bluff, quelque chose qui a une parenté certaine avec la vérité.

Sayyed Nasrallah affirme pouvoir avec la résistance de ses militants du Hezbollah mener de front deux guerres simultanées, d’abord celle toujours en semi-activité à la frontière Sud du Liban combinée aux embuscades et attentats des milices privées que se paient les pétro-monarques sous des noms d’oiseau comme Daesh. Il aide de plus à contenir les rebelles mercenaires en Syrie.

Des instructeurs forment les Palestiniens de Gaza prisonniers à la fois de l’Égypte soumis à un nouveau général et du régime sioniste d’extrême droite de Tel Aviv à fabriquer et utiliser les nefs sans pilotes qui les dispenseront de creuser des tunnels sans cesse rebouchés.

Ces aéronefs au coût de plus en plus dérisoire risquent de voir leur emploi se généraliser également en Cisjordanie.

La troisième Intifada aura les couleurs et la liberté aérienne des cerfs-volants.

L’intifada contre un régime néo-féodal failli

Pour revenir au cas français, l’intégralité de l’impôt sur le revenu ne suffira plus à rembourser les intérêts de la dette publique puisque son économie est entrée en phase de contraction. Or, plus de 1600 milliards d’euros ont été versés en aide aux banques depuis 2007 par les États européens au titre d’une loi inscrite dans le traité de Lisbonne, celle de la “concurrence libre et non faussée”, aides prélevées sur le travail.

Tout système qui ne dispose pas ou se dispense de mécanismes de régulation qui lui assurent une certaine homéostasie est voué à dépérir rapidement sous l’emballement non endigué de boucles qui s’exaltent.

Avec ou sans drone, à quand l’Intifada mondiale dont les prémisses se lisent un peu partout sous l’apparente indolence de repus jusqu’au refus de manipulations communicationnelles ?

Pour ruiner définitivement les projets des bailleurs de fond des mercenaires déguisés en libérateurs, il faudra que les peuples fraternisent, se saisissent de fourches, de frondes ou de n’importe quelle arme, fût-elle celle de les dénoncer sans relâche et éjectent les seigneurs de leurs trônes de pacotille déjà bien vacillant.

Badia Benjelloun