Destin de l’OTAN et conquête du monde en passant par la Libye

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Intéressons-nous au destin de l’OTAN… L’OTAN se trouve engagée dans un conflit complexe et qu’elle n’attendait pas, qui n’était nullement préparé, contrairement à diverses affirmations qu’on trouve dans nombre d’articles fleurissant sur les ondes et les lignes du Net à partir d’auteurs qui se jugent souvent “dissidents”, antiaméricanistes, etc., et qui le sont sans doute selon leur bonne foi. Une digression n’est pas inutile ici, à partir de cette allusion à ce point, pour mettre d’autant en évidence le fondement informatif des observations que nous développons plus loin, – et d’autres à venir.

(…A partir de cette allusion qui n’est pas innocente, ceci qui est la digression en question, qu’on voudra bien nous passer. Nous reviendrons très vite, dans les quelques jours qui viennent, avec un texte plus élaboré, sur cet aspect spécifique de l’information circulant au sein du système de la communication, de l’Internet notamment, avec notamment une présence très forte d’analyses, articles, avis, etc., venues de sources qui se jugent elles-mêmes indépendantes, expérimentées, informées et mesurées, et porteuses de vérités cachées, et qui semblent s’estimer in fine “dissidentes”, antiaméricanistes, etc., – antiSystème ces interventions-là ? Nous ne savons pas, c’est précisément à voir, jusqu’à considérer parfois le contraire… Cet “aspect spécifique de l’information” devient, à notre sens, un élément non seulement important du système de la communication, mais peut-être même plus important, – et parfois, et souvent, plus déstructurant, et involontairement soutien du jeu du Système, – que l’information officielle du Système, complètement pulvérisée et en lambeaux, et fonctionnant, elle, et paradoxalement, à plein pot en mode antiSystème involontaire, style Janus… Tout cela, ces retournements intempestifs, ces contradictions problématiques, ces certitudes à la fortune du pot, nous conduisent à juger que l’attention que nous porterons beaucoup plus en détails dans le texte promis sur la chose a toutes ses raisons d’être. Nous le ferons d’une façon argumentée, mais aussi décidée et affirmée, et également assurés dans notre chef qu’il faut en arriver à dire quelques vérités, en prenant nos responsabilité comme ne font pas toujours ceux à l’action desquels nous nous référons et nous attacherons à cette occasion.)

Revenons au destin de l’OTAN, que nous examinons à la lumières de confidences de sources diverses, dont nous sommes absolument assurées, par jugement circonstancié et par expérience, de la compétence, de la loyauté, etc. ; cela, bien plus que tous les certificats de bonne vie et mœurs que présentent en général les commentateurs officiels et les “journalistes professionnels”, dont nous pouvons mesurer la décadence, la lâcheté et l’ignorance grandissante comme un des signes les plus roboratifs (puisque cela témoigne de l’effondrement du Système) de l’évolution des temps. C’est dire le crédit que nous jugeons mettre, comme d’habitude mais encore plus qu’à l’habitude, dans nos observations.

«L’OTAN aujourd’hui, dit une de nos sources, est comme un bateau ivre», – ce qui ne nous surprend pas, et reprenez un verre… Citant le cas du grand commandement de Naples (AFSOUTH), où se tient également le quartier-général de la VIème Flotte de l’U.S. Navy, commandement qui prétend contrôler les opérations en Libye et est souvent présenté comme l’antre des plans d’investissement du Sud de la “Teerre”, notre source décrit une structure poussiéreuse, qui sommeillait paisiblement, principalement préoccupée des affectations à pourvoir selon les manigances diverses, lorsque l’affaire libyenne éclata. Une fois cette affaire lancée, il fallut renforcer le quartier-général dans l’urgence, pour mener la grande opération d’investissement de l’hémisphère Sud par l’OTAN. La première et principale préoccupation des officiers coordinateurs, – britanniques pour la plupart, indeed, puisque la grandeur impériale et complotiste des anglo-saxons s’exprime aujourd’hui dans l’attaque bureaucratique des postes-sinécure et néanmoins jugés stratégiques, – fut donc de répartir selon une politique bureaucratique habile ces officiers des pays de l’OTAN qui forment l’essentiel de la planification de guerre, les colonels, les lieutenants-colonels, les commandants, etc., et également, comme s’il s’agissait d’une catégorie de plus dans ce rangement, mais suspecte et faisandée, les “frogs” (“grenouilles”, ou Français, puisqu’il s’avère, dear old chap, que les Français jouent tout de même un rôle dans cette campagne). Qui comprendra l’esprit de l’anecdote, qui doit être entendue au mot près (“frogs”) pour ce que sont le sérieux et la gloire de la chose, comprendra le climat, le degré de préparation, la hauteur de l’esprit, la priorité donnée aux querelles et obsessions bureaucratiques et idéologiques de bas étages, de ceux qui préparent et organisent l’investissement du Sud du monde par l’OTAN ; et l’efficacité à attendre de cet investissement du Sud du monde par conséquent. “The devil is in the details” disent les “old chaps”, à quoi les Français répondent que “le Bon Dieu est dans les détails”.

La situation générale, nous dit notre source, est que «les Américains ne contrôlent rien dans cet opération, strictement rien. Malgré les affirmations de la presse, surtout française, avec des détails techniques et ronflants auxquels nul ne comprend rien parce qu’ils ne signifient rien, le fait pur et simple est que, dans cette opération libyenne, les Américains ne sont, à l’OTAN, absolument nulle part.» Là encore et encore plus, l’anecdote est bien plus qu’une anecdote, et bien révélatrice ; tout comme sont révélateurs certains incidents et manœuvres de préséance à Berlin, lors de la réunion il y a deux semaines des ministres de l’OTAN suivie d’une réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN et du ministre de la Russie (Lavrov), qui ont conduit, avec un coup de main du secrétariat général de l’OTAN, à faire passer au second plan la conférence de presse d’Hillary Clinton au profit de celle de Lavrov et du ministre allemand des affaires étrangères. (La préséance, au profit exclusif des USA, a toujours eu une grande signification symbolique dans l’apparat de l’OTAN.) Il y a en développement une situation et un état de l’esprit extrêmement spécifique et inhabituel à l’OTAN. L’observation générale qui s’en dégage est qu’il se pourrait bien que ces événements otaniens à l’occasion de la crise libyenne suscitent une évolution significative de l’Alliance, ou dans tous les cas une volonté dans ce sens pendant que Washington discute du nouveau plafonnement de sa dette. «Il y a manifestement une tendance à faire évoluer l’OTAN vers une situations de “bras armé de l’ONU”, qui remplacerait la situation classique de courroie de transmission des USA. Le Secrétaire général est extraordinairement attentif à faire sentir toute sa déférence et son respect pour les décisions et la prééminence politique de l’ONU dans cette crise», poursuit notre source.

L’opération en Libye est aussi fondamentalement, sinon exclusivement, européenne au niveau des personnels de l’OTAN. Tout juste trouve-t-on quelques Canadiens, dont Bouchard, le général qui commande l’opération pour l’OTAN. On jugera peut-être comme un symbole que Bouchard, comme son nom l’indique évidemment, est Québécois, – et pas mécontent de l’être. On rapporte une anecdote d’une réunion de Bouchard avec les généraux de son état-major constitué pour l'opération libyenne, qu’il entreprit en français et non en anglais ; un anglophone (un Britt, pour les amis) intervint pour lui dire qu’il était de coutume que l’anglais fût choisie comme “langue opérationnelle” pour cette sorte de réunion. Bouchard balaya l’intempestif d’un revers de la main, observant que la plupart des assistants parlait “notre belle langue” couramment, – “belle langue” contre “langue opérationnelle”, la messe était dite et l’anglophone se le tint pour dit, – en français sans doute.

Il ressort de tout cela que la situation de l’OTAN est aujourd’hui singulière et en pleine évolution. Certes, il y a le chœur des observateurs de la puissance US, – qui reste formidable malgré qu’elle s’effondre, allez savoir pourquoi et comment, – qui vous assure que rien ne changera jamais, que les Européens font la preuve de ce qu’ils ne peuvent rien sans les USA. Il est vrai que les USA nous manquent, pour faire, encore plus vite qu’avec Sarkozy, un Irak ou un Afghanistan de la Libye , les “dividendes de la guerre” pouvant être, dans ces deux cas, mesurés et goûtés avec délice… Par conséquent, une fois revenus aux choses sérieuses, il nous paraît nécessaire de considérer que les événements sont, à l’OTAN, remarquablement originaux. Nul ne sait où ils mèneront, ce qui est en soi, déjà, une révolution ; mais l’on sait au moins que la crise libyenne n’a pas lieu, pour le principal, ni à Tripoli ni à Benghazi, mais à Evere, tout près de Bruxelles, au quartier-général de l’OTAN…


Mis en ligne le 29 avril 2011 à 12H28