D’un IVème Reich

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D’un IVème Reich

Les bonnes nouvelles affluent. Le troisième Reich écrasé en 1945 s’est enfin reconstitué grâce aux efforts de la stalinienne Merkel et de son mammouth sorti des glaces Schäuble. Ont aidé : les pétainistes français actuellement aux manettes, les descendants des fascistes finnois et des nazis baltes, la Pologne, prétendument catholique, la Slovaquie, morceau de terre arraché à la Hongrie par les prédateurs occidentaux après 1918 et quelques autres petits poucets mal famés semés par l’ogre européiste.

Mais il ne faut donner à ces esclaves trop d’importance. Derrière ce beau monde plane l’ombre de l’oncle pervers d’Amérique qui a dicté, directement par téléphone ou indirectement par son idéologie ancrée dans la tête des responsables européens, sa Loi. Elle est simple. L’Europe est un protectorat américain et doit le rester. La Grèce hors de l’Euro-Europe c’est la Grèce flottant à l’aventure et quand vous flottez, les courants vous poussent vers d’étranges Hyperborées. Dans la mémoire grecque, sous les flots de l’Egée et de la mer Noire s’ébroue le grand Léviathan ex-communiste, ex Ataturc, le fier Moyen Orient dépecé en 1918 par le rosbif Sykes et le franchouillard Picot. Par ailleurs, ce Léviathan a le ventre plein de pétrole et de gaz qui ne doit pas tomber entre des mains non yankees. Que se passerait-il si la Grèce, Chypre, le Liban, la Palestine devenaient « pays producteurs » et vendaient leur pétrole et leur gaz sans le secours des « sept sœurs »? A coup sûr un scandale absolu qui mériterait une deuxième guerre d’Irak. Tiens, justement à l’automne des grandes manœuvres sont prévues par l’hégémon américain en Méditerranée. C’est une coïncidence bien sûr, un hasard de calendrier.

Que se passe-t-il dans la tête bien faite de Sir Alexis Tsipras? A-t-il cédé par lassitude, par raison, pour éviter la catastrophe à ses congénères? Prêtons-lui des pensées qu’il a peut-être à l’insu de son plein gré. « Je suis un fier occidental, un démocrate, un humaniste, un digne représentant de ce que le monde a fait de meilleur, je ne peux donc me fier à l’Orient d’où nous est toujours venue la dictature. Je préfère l’Europe, le fier Occident qui créa la civilisation judéo-gréco-romaine et à ce titre, je ne peux me poutiniser, me turquiser, me moyen-orienter. » Ça peut se comprendre. Disons que ça pouvait se comprendre il y a encore peu de temps. Désormais la belle civilisation judéo-chrétienne d’occident se meurt. Seuls s’en rendent compte les vrais judéo-chrétiens c'est-à-dire les Chrétiens puisque le judaïsme, ayant donné son meilleur est lui aussi en perte de vitesse et ses gesticulations kabbalisto-talmudiques version Crif n’y changeront rien. Judaïsme et protestantisme anglo-saxon marchent désormais main dans la main et forment ensemble la plus grande société mafieuse d’Occident. Ils sont tous les deux sur la défensive mais n’en veulent pas moins diriger le monde, sont armés jusqu’aux dents et cherchent l’occasion rêvée pour commencer une troisième guerre mondiale, seul moyen de continuer à régner, tout comme la Seconde Guerre Mondiale leur donna le second souffle dont ils avaient besoin après la grande crise de 1929-1932.

Tout comme les Etats Unis favorisèrent l’ascension d’Hitler au pouvoir de 1922 à 39, ils ont favorisé Kohl et Schröder, et favorisent aujourd’hui Merkel et les Schtroumpfs qui la servent. Lesquels favorisent et favoriseront la montée des fascistes en Ukraine, des revanchards en Pologne et dans les pays baltes, des ivrognes finnois. Le jeu est subtil toutefois car les chevaliers teutons se sentent assez fort pour régenter l’Europe, ne craignent pas un Grexit, le souhaitent même, tandis que l’oncle Sam le redoute pour des raisons géostratégiques. Voir la flotte russe au Pirée à Dhekélia ou à Akrotiri sur la côte sud de Chypre, remplaçant, ô miracle, celle de sa disgracieuse majesté, voire même à Famagouste chez le Turc, quel cauchemar!...

Si cette analyse a un sens, le Teuton joue sur la perte de vitesse de l’Oncle d’Amérique. Pour lui, que la Russie retrouve une certaine aisance en Méditerranée ne constitue pas une menace, ne l’empêcherait pas de s’entendre avec elle à la barbe des Amerlos. N’oublions pas le tropisme: Leningrad débaptisée aurait dû s’appeler Petrograd comme au temps du tsar Nicolas. Or elle s’appelle Saint Petersburg, nom allemand. Quel pays ou groupe de pays en Europe ferait le poids face à une alliance germano-russe avec d’un côté machines-outils, de l’autre pétrole et technologie spatiale? L’Italie, la France, l’Espagne ensembles? Et le tropisme ne date pas d’hier. Il date sinon de sophia du moins de Sophie d’Anhalt-Zerbst princesse allemande, femme du tsar Pierre III qui s’empara du pouvoir par un coup d’état le 28 juin 1762 et, devenue Grande Catherine, fit illico exécuter son tsar de mari avec qui elle avait vécu un intense duo d’amour. Mais Catherine n’était pas du genre danseuse pussy riot. Elle épuisa certes ses amants mais déclencha aussi le « drang nach Süden » de la Russie, acheva l’œuvre de Pierre le Grand. Le tropisme teuton se poursuit avec Nicolas II, épousé par Alix de Hesse-Darmstadt, princesse allemande, petite-fille de la reine Victoria. Devenue Alexandra Feodorovna elle fit de son mieux mais son Blut allemand échoua à revigorer le russe. Que des Olga, Tatiana, Maria, Anastasia. C’est seulement en 1904, qu’un Alexis, petit pâlichon hémophile, compléta le lot. Lénine avait 34 ans.

Ce tropisme germano-russe doit toutefois se comprendre cum grano salis, sur le long et moyen terme. Angela attend la déconfiture de l’Oncle de l’ouest pour s’entendre avec le tonton de l’est comme Schröder, dans une intuition russophile, en comprit l’intérêt il y a vingt ans. Au 19e siècle, l’accès de la Russie à la mer chaude n’avait gêné que les Rosbifs et les Mangeurs de grenouilles. Les Allemands ne se sentirent pas concernés par la guerre de Crimée de 1853 à 1856, que les Russes perdirent sans pour autant que leurs ennemis en eussent grande victoire.

Quatre vingt trois ans plus tard, le pacte germano-soviétique fit couler encre et surtout bile chez les bourgeois hypocrites de la 3e république et les faux-culs de Downing street qui avaient tout fait pour l’Appeasement. Il se situait dans la même ligne et on peut bien comprendre que le rusé Staline le fut assez peu pour y croire car il s’inscrivait dans une tradition longue. Sans les Italiens attaquant la Grèce au printemps 1941 et nécessitant l’appui de la Wehrmacht, Hitler eût pris Moscou avant Noël 1941. Si en 1943 après Stalingrad, il avait eu la sagesse de traiter avec son copain Staline il aurait pu ne pas tout perdre. La CCPA, la Communauté Céréales-Pétrole-Acier n’eût pas été déficitaire. La paix sur le front de l’est eut interdit Overlord et l’Allemagne aurait gagné soixante ans dans son « drang nach osten » et son « drang nach westen ». C’est la folie suprémaciste raciale d’Hitler qui empêcha cette intégration européenne un peu spéciale et nous valut la shoah si habilement exploitée depuis par l’Empire « américano-sioniste »… si l’expression n’est pas brevetée!

Merkel a-t-elle cette vision globale de l’intérêt allemand bien compris? Sait-elle qu’il est en Sibérie, cet immense continent qui est équipé à peine à 10%? Va-t-elle le laisser aux Chinois? L’avenir le dira et la France alors, pourtant très aimée du peuple russe, passera sous la table avec Hollande et les pitres qui ne manqueront pas de lui succéder.

Voilà le dessous des cartes européennes depuis la chute du mur en 1991 : Ostpolitik raisonnée pour l’Allemagne ou perte de vitesse avec une Europe dominée par les Usa avec le Tafta. Une physicienne éduquée par un pasteur protestant et une tata Stasi est-elle capable de sentir les subtiles pulsations de l’Histoire comme Catherine le fit il y a 233 ans? Au lieu d’essayer de tenter vainement d’assassiner Poutine – qui n’est pas un Pierre III –, ne serait-elle pas plus inspirée de lui faire la cour ? Elle aimerait Angela, mais bien que parlant russe, elle a quand même peur de l’ours. On ne passe pas sa jeunesse en Rda sans être infecté d’anti-russisme primaire. Elle voudrait bien être une nouvelle Catherine mais n’est pas Catherine qui veut, d’autant plus qu’elle n’a pas les mêmes arguments. En fait, Angela a peur du Destin Allemand. Comme la France a peur du sien tandis que les Erinyes s’accrochent aux basques de l’Alexis grec. Se transformeraient-elles en Euménides ces Erinyes si, en secret, la banque de Grèce imprimait des billets et demandait le jugement d’Athéna? Comme disait l’obscur Parménide :

« Ce m’est tout un par où je commence, car là même à nouveau je viendrai en retour ».

Marc Gébelin