D'Oslo à Washington, une quête exaltante : à la recherche du prix du JSF

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Le 20 novembre, la Norvège, ou bien s’agit-il du seul ministère de la défense, ou bien de la ministre seulement, – bref, on verra, – bref, on annonçait quelque part à Oslo, quelque chose qui ressemblerait au choix norvégien du JSF pour l’équipement futur de la force aérienne norvégienne. (Le JSF y était, – ou y est encore? – en concurrence avec le chasseur suédois Gripen.) La chose, la “décision” tombait bien, comme le rachat d’une partie de Lehman Brothers par Golden Sachs en pleine crise de septembre 2008, notamment pour relever le moral des troupes du JSF. Cela tombait aussi par surprise, comme le relevait Defense News le 21 novembre: «Norway's decision to reveal the choice of the F-35 Lightning II Joint Strike Fighter as its multi-role fighter on Nov. 20, a month ahead of the planned Dec. 19 announcement, took Saab and the Swedish government by surprise.»

Pourquoi si vite, pourquoi tant de hâte? Est-ce la découverte que le JSF est vraiment, magnifiquement en solde pour l’instant, et qu’il ne faut pas rater l’affaire? Il s’avère qu’effectivement le JSF aurait été offert à un prix défiant toute concurrence, selon l’une ou l’autre source au ministère; que la ministre elle-même déclinait de nous en informer précisément; que, le même jour, quelque expert norvégien fort surpris remâchait sa rancœur.

«The [Norwegian] minister declined to reveal what “flyaway” price was agreed between Lockheed and Norway for the JSF, or comment on how much cheaper that was than the Gripen NG.

»Estimates vary, said one source at Norway's MoD. “The basic unit price for the JSF was considered to be lower than the basic price for the Gripen. Norway will pay about $2.5 billion for 48 aircraft or $52 million per unit. This is the no frills price,” the source said. […]

»The political debate surrounding the government's decision is unlikely to end with the announcement, said one analyst. “My opinion is that the Joint Strike Fighter will be too expensive to produce, and that the aircraft is developed for the challenges of the 1980s in Europe. I doubt that the U.S. Congress will ever approve the project. In addition, the current financial situation could make the production of this expensive aircraft impossible,” said Jon Bingen, defense analyst with the Norwegian Institute of Strategic Studies in Oslo.»

Puis, hier 25 novembre, le quotidien d’Oslo Dagbladet publie une enquête de l’un de ses reporteurs, Kristoffer Egeberg. L’affaire est naturellement exposée en langue norvégienne, et il nous faut éventuellement un certain délai pour enquêter sur l’enquête; mais nous devrions y revenir. Il semble bien que le cas soit notamment l’affirmation, selon des experts norvégiens indépendants extérieurs au ministère de la défense et ayant servi comme conseillers dans l’examen du marché, que les propositions des deux concurrents conduisent à chiffrer le JSF à $177 millions par exemplaire, contre $71 millions pour le Gripen. La différence, pour le prix du JSF, entre $52 millions et $177 millions, est notable; notable aussi, la différence entre les prix du JSF et du Gripen.

Cela nous permet d’introduire quelques précisions assez peu ordinaires sur cet oiseau rarissime, – le prix réel du JSF, – au travers de quelques extraits d’un article d’Aviation Week & Space Technology publié le 24 novembre (accès payant sur le site de l’hebdomadaire). L’article rapporte notamment un épisode de la bataille que se livrent le F-22 et le F-35 (alias JSF), un des épisodes épiques à la vilaine tournure en cours dans le désordre du Pentagone, notamment autour de l’audition de John Young, adjoint au secrétaire à la défense pour l’acquisition, devant la sous-commission des forces aériennes et terrestres de la commission des forces armées de la Chambre, le 19 novembre. Young y défend la décision du secrétaire à la défense de ne dépenser que $50 millions pour des pièces supplémentaires du F-22, alors que le Congrès avait autorisé $140 millions; ce pinaillage autour de quelques misérables dizaines de $millions recouvre un vaste enjeu, puisque c’est celui de laisser ou pas la chaîne de production du F-22 ouverte suffisamment à temps pour que l’administration Obama puisse éventuellement décider la poursuite de cette production (ce que Young, Gates & compagnie ne veulent pas). On y constate que l’oiseau rarissime, “le prix du JSF”, est, au long de l'article, l’objet d’un débat parallèle particulièrement confus et révélateur, qui laisse de toutes les façons loin derrière le prix de $52 millions l’exemplaire plus ou moins (qui le sait?) annoncé par le ministère norvégien de la défense.

Young «insists that spending $50 million instead of the full $140 million will save taxpayers $90 million if the incoming administration of President-elect Barack Obama decides not to buy any more Raptors. Critics say the shutdown and restarting of production would cost more and could result in the Air Force’s winding up short of both F-22s and F-35s if the later program is pummeled by funding cuts fueled by a damaged world economy.

»“The next F-22 will cost $153 million under the congressional language, and the next F-35 will cost $203 million,” says a congressional analyst. The projected then-year, total program unit cost for F-35As of $96.8 million “is just as misleading as when the cost projections were made for the F-22 when it was a 750-aircraft program. [Lawmakers] need to know that the best numbers available, not John’s counter-intuitive projections, show a cost of up to $500 million more for what the Pentagon [civilians are] doing if the program proceeds. [Deputy Defense Secretary Gordon] England is betting it won’t and ensuring that it won’t,” since the additional cost will prejudice the Obama administration against restarting production. […]

»In turn, Capitol Hill is showing its opposition to the throttling of Air Force dissent, by giving its own comparison of F-22 and F-35 unit procurement costs that show the most expensive F-35—which Pentagon civilian leaders want to accelerate—will cost a lot more, at least until after 2010, than the most expensive F-22.

»The price list used by lawmakers (with numbers coming from the Air Force and the F-35 Joint Program Office) show F-22s in the Fiscal 2009 budget costing $143 million each. In 2010, the cost of 20 Raptors would be $153 million each (under the existing Air Force program) or $163 million (under the Young plan if the Obama administration makes a decision by Jan. 21) or $170-178 million (if the decision is delayed until Mar. 1).

»In comparison, 16 F-35A/B/Cs in the 2009 budget will cost $237 million each. In 2010, 12 F-35As will cost $203.1 million each and 18 F-35B/Cs will cost $198.1 million apiece. For unit costs over the total program in then-year dollars, 1,763 F-35As will cost $96.8 million each, while the 680 F-35B/Cs come in at $122.6 million.»


Mis en ligne le 26 novembre 2008 à 18h29