Après Tucson, Arizona, signes et peur de la violence US s’étendent

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L’attaque du 8 janvier 2011 contre la députée démocrate Giffords (voir notre F&C du 10 janvier 2011) est de plus en plus présentée comme un acte non isolé mais comme l’acte le plus spectaculaire d’une tendance marquée par d’autres incidents. Certaines morts (accidents suspects, assassinats) d’employés du gouvernement ou du Congrès sont signalées, ainsi que d’autres incidents plus mineurs. Cela conduit David Edwards, de RAW Story, à publier un texte, ce 10 janvier 2011, sur une suite de “violences anti-gouvernementales” aux USA durant la semaine qui a vu l’attaque contre Giffords, et les semaines qui ont précédé, qui commence à ressembler à un schéma cohérent. (RAW Story mentionne également, dans un autre texte du 10 janvier 2011, l’annonce par le député démocrate de Chicago Denny Davis d’une lettre de menace lui annonçant qu’il est “le suivant” sur la liste des attaques après l’attaque contre Giffords.)

«A pattern of violence against the US government appears to have emerged over the last week, and another dead body connected to political inner-circles who turned up Monday has some on capitol hill trying their best not to speculate.

»Authorities discovered Ashley Turton, former chief of staff to Rep. Rosa DeLauro (D-CT), dead in a burnt-out car Monday. Turton's husband was Dan Turton, the White House liaison to the House of Representatives. She was employed as a lobbyist for Progress Energy at the time of her death.

»And Turton is just the latest: a well-heeled former chief of staff to the president of Arizona's state senate was found dead of a gunshot wound in mid-December. Police were investigating it as a homicide.

»Washington DC Fire and Metropolitan Police departments found Turton's BMW in a garage on the 800 block of A Street Southeast. “This could be just a tragic freak accident,” Metropolitan Police Lt. Nicholas Breul told Roll Call. “And that’s why we’re crossing our i’s and dotting our t’s because it is a little freaky, and we need to figure out why. But there is no indication now that there was any crime.” Breul said there was a joint investigation into the cause of the incident.

»The death of Turton and mass attacks on Rep. Gabrielle Giffords (D-AZ) and 18 others in Arizona came soon after incendiary devices were discovered in DC and Maryland postal facilities last week. On Thursday, packages addressed to Maryland Gov. Martin O'Malley (D) and his secretary of transportation flashed, smoked and caused minor injuries. A similar incendiary device addressed to Homeland Security Secretary Janet Napolitano ignited in a DC postal facility Friday.

»Another little-noticed killing of a former government official may also be getting more attention now. In late December, 51-year-old Christopher Smith was found dead of a gunshot wound inside of a vehicle in Phoenix.»

Un texte de Politico.com (le 10 janvier 2011), qui reprend également certains des incidents notés par RAW Story, met l’accent de son côté sur l’aspect partisan des réactions officielles, au Congrès, aussitôt après la cérémonie d’hommage à Giffords. Cela signifie que cette cérémonie n’a été qu’une concession formelle à la règle bipartisane de solidarité du Système en cas de circonstances graves, et que l’atmosphère d’affrontement n’a absolument pas changé, qu'elle tendrait plutôt, elle aussi, à s'aggraver....

«Even as congressional officials made a solemn bipartisan show of unity at the Capitol on Monday for victims of Saturday’s Tucson, Ariz., massacre, they returned to partisan gamesmanship over the need for a legislative response to the attempted assassination of Rep. Gabrielle Giffords and the killing of six others.

»The contrast between official events — a moment of silence in the still, cold morning air on the front steps on the east side of the Capitol; a prayer service in the historic Cannon Caucus Room; and the placing of condolence books in a public corridor — and the sideline wrangling over gun control, limitations on speech and the tension between access and security for members of Congress illustrated that lawmakers are still grappling with the appropriate response to the bloodiest attack on a federally elected official in decades.»

Il s’agit bien entendu de prolongements qu’on ne peut que juger très caractéristiques du climat régnant aux USA, que l’attaque contre Giffords n’a pas rompu ni changé, mais a marqué d’un paroxysme avant d’éventuellement le relancer en l’aggravant, tout en étant peut-être la confirmation d'uner tendance marquée par d'autres événements épars. Nous observions dans notre F&C d’hier, effectivement dans ce sens : «Pour autant, notre appréciation serait que l’attentat n’est point un de ces moments de rupture de la psychologie, la violence brutale qui, brusquement, en nous faisant réaliser le potentiel de violence de la tension montante, désamorce cette tension. Au contraire, puisqu’il était inconsciemment attendu… C’est un paroxysme, sans aucun doute, mais un paroxysme qui marque une étape et nullement une résolution dans un sens ou l’autre, un paroxysme avant d’autres qui vont suivre dans la tendance du renforcement constant de la tension et de l’antagonisme – car la situation générale est bien à la poursuite et au renforcement de cette tension et de cet antagonisme.»

Ce qui semble apparaître ou se confirmer c’est selon, d’une façon encore plus remarquable, c’est la possibilité de l’aggravation brutale du climat de tension vers la violence, dont l’attaque contre Giffords ferait partie plus qu’elle ne serait un déclencheur ou un détonateur. En effet, les autres attaques suspectées d’être des attaques anti-gouvernementales ont eu lieu avant l’attaque contre Giffords. D’autre part, nous ne ferions aucune hypothèse de l’éventualité d’actions concertées et organisées dans la situation générale ainsi décrite. Les actions sont très sporadiques, très chaotiques. Il s’agit plutôt, pour nous, d’un climat général qui est en train de franchir un nouveau niveau vers l’aggravation, et qui interfère fortement sur la psychologie générale qui joue le rôle essentiel, entraînant des actions individuelles ou, éventuellement, de groupes épars et sans coordination nécessaire pour autant. L’événement déclencheur de cet éventuel nouveau niveau de tension, de cette évolution éventuelle de la tension vers la violence sporadique avant d’autres prolongements, ce sont bien sûr les élections midterms, leurs résultats, la passion qui les a caractérisées, avant et après le scrutin. C’est de ce point de vue, bien plus que selon le contenu d'une vaine rhétorique idéologique d’accusation directe de la part de la gauche progressiste elle-même complètement discréditée avec un président qu’elle a soutenu et encensé et qui s'avère si médiocre par rapport à ses ambitions affichées, que Tea Party a joué un rôle fondamental ; mouvement de révolte, il a réussi à percer les murailles du Système en figurant puissamment dans les élections, sans perdre son caractère de révolte… Ce fut une sorte d’officialisation, d’institutionnalisation de la révolte avec un puissant effet psychologique, et certains en tirent les conséquences, qu’ils soient lunatiques, dérangés, sains d’esprit ou simplement en colère.


Mis ebn ligne le 11 janvier 2011 à 05H34